L'embuscade meurtrière de Tinzaouatine, qui a coûté la vie à 11 gendarmes, aurait été bien préparée et planifiée par l'organisation terroriste le GSPC qui envisageait d'attaquer une caserne militaire ou un poste avancé des GGF évidemment dans le but de s'approprier des armes. Mais devant l'impossibilité et le grand risque que cette opération comportait, les terroristes ont préféré s'attaquer à une patrouille des gardes frontières (GGF) d'autant que le convoi est habitué à se rendre dans ces lieux dans le cadre d'un contrôle ordinaire sur la bande frontalière. L'embuscade a été tendue avant la relève de ses éléments dans un lieu isolé au Sahara, à quelque 500 mètres des frontières du Mali. Ce qui leur a permis de commettre leur forfait et s'enfuir en toute aisance vers le territoire malien avant la venue du renfort vu l'étendue des espaces dans cette localité de l'extrême-Sud. L'unité n'avait aucune chance. Cette hypothèse est partagée par de nombreux experts de la lutte antiterroriste. “Depuis les enlèvements des otages occidentaux, l'ANP a intensifié ses survols aériens pour contrôler cette zone dont les moyens terrestres ne suffiront pas pour contrôler tous les passages”, selon une source sécuritaire. Le groupe de Abou Zeïd se serait bien renseigné sur le mouvement des GGF plusieurs jours auparavant. Ce qui renforce l'idée de l'existence d'un réseau de soutien dans le milieu des contrebandiers qui est, généralement, en connexion avec les groupes terroristes à travers le trafic d'armes et de munitions, la cigarette, l'immigration clandestine et de la drogue. Selon les premières révélations d'un blessé rescapé de l'attentat, ils étaient une dizaine de terroristes armés d'un arsenal lourd. “Ils possèdent certainement un armement nouvellement acquis grâce aux rançons versées par certains pays occidentaux en échange des otages”. Une revendication par le biais de tracts Al-Qaïda Maghreb (AQMI) a revendiqué cette attaque sans donner d'autres détails sur des tracts distribués dans les villes frontalières. Des observateurs de la scène sécuritaire trouvent que la revendication de l'attentat en “un temps record” est bizarre puisque, généralement, le GSPC diffuse un enregistrement de ses attentats auprès la chaîne qatarie Al Jazeera ou par un communiqué mis en ligne sur site Andalous. L'attentat serait l'œuvre du terroriste Hamadou Abid alias Abdelhamid Abou Zeïd. Ce dernier a été désigné en 2004 par l'actuel “émir” national du GSPC, Abdelmalek Droukdel, alias Abou Mossaâb Abdelouadoud pour remplacer Mokhtar Belmokhtar alias Khaled Abou El-Abbès pour l'émirat de katibat Tarek Ibn Ziad, sévissant au Sahara. Abou Zeïd, né en 1965 à Touggourt, est connu aussi sous le nom “Soufi”. Il est l'instigateur des enlèvements des otages dans la région du Sahel. Le principal fait d'armes du GSPC dans cette zone a été l'attaque d'une caserne en Mauritanie, conduite par cette katibat en 2008. Les services occidentaux ont signalé alors que Abid Hamadou, chef de katibat Tariq-Ibn-Ziad, voulait acquérir des armes à travers ces attaques. L'attentat, un test pour la coopération militaire avec le Mali ? L'hypothèse qui circule depuis quelques mois peut s'avérer réelle après les récentes révélations d'un certain Abdeljabbar N., un terroriste âgé de 45 ans, arrêté dans la wilaya de Batna il y a quelques mois. Selon les aveux de A. N., “le Mali est le premier pays fournisseur, par le biais de trafiquants notoires, d'armements lourds aux groupes du GSPC”, puisque lui-même est l'un des principaux armuriers des groupes terroristes qui activent dans les régions du Sud. Selon ses révélations, il aurait fourni à katibat Tarek-Ibn-Ziad 3 obus et 290 kalachnikovs dernièrement. Il faut souligner que la Mauritanie, le Mali et le Niger ont enregistré des pertes dans les attaques d'Abou Zeïd. Mais pour l'Algérie, c'est pour la première fois qu'elle est visée. Notre source n'écarte pas dans cette attaque aussi l'éventualité d'une tentative de diversion pour introduire une grande quantité d'armes par les frontières ou d'un groupe vers les maquis du Centre. En février dernier, après la série d'attaques contre ses casernes, la Mauritanie a décrété zone militaire le nord-est du pays. Des moyens importants sont déployés pour tenter d'empêcher toute incursion terroriste, notamment en provenance du nord du Mali. Le GSPC a riposté, fin 2009, en enlevant trois humanitaires espagnols, dont deux sont encore retenus au nord du Mali. Le commandement militaire unifié (Mauritanie, Algérie, Niger et Mali) installé à Tamanrasset depuis avril dernier est “une force intégrée qui permettrait de poursuivre les terroristes là où ils sont, sans tenir compte des frontières”.