Après deux semaines de tractations, le Premier ministre palestinien désigné Ahmad Qoreï s'apprête à annoncer la composition d'un nouveau gouvernement, Israël et les Etats-Unis ayant fait de son indépendance par rapport à Yasser Arafat un facteur déterminant pour son succès. Selon des responsables du Fatah, le principal mouvement palestinien et des sources proches de M. Qoreï, l'annonce de la composition du gouvernement, qui doit obtenir l'approbation du Parlement, pourrait intervenir dès aujourd'hui ou au plus tard au début de la semaine prochaine. Le cabinet de M. Qoreï (Abou Alaa), qui a succédé au Premier ministre démissionnaire, Mahmoud Abbas, devrait compter 24 ministres, dont 15 issus du Fatah, dirigé par le président de l'Autorité palestinienne, Yasser Arafat, selon les mêmes sources. Soucieux d'élargir la base de son gouvernement, M. Qoreï devrait nommer pour la première fois un ministre du Front démocratique de la libération de la Palestine (FDLP), pourtant opposé aux accords d'Oslo sur l'autonomie palestinienne. D'autres formations de l'OLP comme le parti du Peuple (ex-communiste), le mouvement Fida et le Front de lutte populaire seront également représentés. Le maintien au gouvernement du ministre sortant en charge des Affaires de sécurité, Mohamad Dahlane, paraît aussi incertain que sa nomination au sein du gouvernement sortant de M. Abbas ayant suscité des grincements de dents au sein du comité central du Fatah. Confronté avant même son entrée en fonction à des appels croissants d'Israël et des Etats-Unis de combattre les groupes armés palestiniens, notamment le Hamas et le Jihad islamique, M. Qoreï accorde une importance particulière aux portefeuilles liés à la sécurité. Pour espérer relancer l'application du dernier plan de paix dit de la Feuille de route, M. Qoreï devra, en effet, obtenir l'arrêt des attentats anti-israéliens tout en évitant un choc frontal avec les radicaux. Pour éviter toute friction entre MM. Qoreï et Arafat sur le contrôle de l'appareil sécuritaire, comme ce fut le cas avec M. Abbas, l'Autorité palestinienne a créé un Conseil national chargé de superviser les divers services de sécurité et au sein duquel siègent les deux hommes. Cette formule est, toutefois, peu susceptible de satisfaire Israël et les Etats-Unis qui cherchent à mettre sur la touche M. Arafat, considéré comme “un obstacle à la paix”. Le président américain George W. Bush a ainsi affirmé mardi dernier devant l'Assemblée générale de l'Onu que le peuple palestinien avait été “trahi” par des dirigeants “dont l'ascension s'est faite en alimentant des haines anciennes et en détruisant le bon travail fait par d'autres”. Le chef de la diplomatie israélienne, Sylvan Shalom a, pour sa part, affirmé, hier, à la radio publique que le gouvernement de M. Qoreï “sera jugé sur sa composition, ses ministres, ses démarches, sa volonté de lutter contre le terrorisme et son indépendance par rapport à Yasser Arafat”.