Le séisme du 21 mai dernier a révélé l'incompétence et l'incapacité des entreprises réalisatrices de projets de construction de pouvoir assurer une pérennité de leurs ouvrages. Une grande majorité de ces sociétés mérite certainement des sanctions très lourdes. D'autres, en revanche et elles sont rares, doivent bénéficier, un tant soit peu, de l'indulgence des responsables. Car, cette catégorie d'entrepreneurs a fauté uniquement à cause d'un environnement inadéquat et surtout contraignant. Sans s'arroger le droit d'être le porte-voix de ces entreprises, il est, néanmoins, utile de situer les responsabilités des uns et des autres. L'entrepreneur qui a fait ses preuves sur terrain, dispose-t-il, en réalité, de tous les moyens indispensables pour mener à bien et d'une manière idoine son projet ? Autrement dit, l'administration chargée de la maîtrise d'ouvrages, offre-t-elle les conditions nécessaires pour atteindre cet objectif ? De par le rôle important que doivent jouer ces sociétés dans la relance économique, il est demandé aux pouvoirs publics de se pencher sérieusement sur l'état presque conflictuel des relations entre l'opérateur et son administration. C'est à partir de cette décision qu'on pourrait distinguer le bon grain de l'ivraie. Ainsi, les véritables constructeurs sauraient occuper seuls le terrain. La Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA) estime qu'il est temps d'accorder une attention aux représentants de ces entreprises. Au moins une vingtaine de problèmes et non des moindres qui caractérisent les relations entre l'opérateur et l'administration a été énoncée par la CGEA. De prime abord, l'organisation avoue que le secteur privé reste le parent pauvre de l'économie nationale alors qu'il en représente plus de 60%. Il doit, cependant, se prendre en charge et pouvoir se défendre, est-il écrit dans un document élaboré par la confédération. Les membres de la CGEA dénoncent le comportement indigne des maîtres d'œuvre qui méprisent leurs partenaires, à savoir les entreprises. Pis, les contrats de travaux sont rédigés d'une manière unilatérale. Outre la corruption, la surenchère et le difficile accès au plan de charge, l'entreprise, souligne cette confédération, doit tirer la sonnette d'alarme et dénoncer les carences de l'administration dans un cadre légal. Les bureaux d'études et les maîtres d'œuvre, constate-t-on, ne fournissent pas les informations et les documents du projet à l'entreprise. Car, celle-ci ne doit pas être uniquement un simple exécutant. Concernant le système d'assurance proposé dans le document, il doit évoluer vers deux régimes, l'un obligatoire et l'autre contractuel. Sur un autre registre, la CGEA signale que le secteur du BTPH souffre d'un mal profond en matière d'approvisionnement en matériaux de construction. Ce marché, relève-t-on, n'est pas régulier du point de vue commercial et administratif. Conséquence : absence de facturation à tous les niveaux, une qualité moyenne des ciments, un rond à béton non certifié à l'achat... Ce qui influe négativement sur la qualité et la pérennité des ouvrages. La problématique des prix préoccupe également les dirigeants de l'organisation. “L'administration a toujours axé ses efforts sur la variante du moins-disant sans se soucier des conséquences sur la qualité des ouvrages réalisés…”, lit-on dans le document. Enfin, la décision de revoir dans le fond et dans la forme les relations entreprise-administration doit être prise dans les plus brefs délais avant que la situation ne s'envenime. B. K.