Oran, soigneusement quadrillée, continue toujours de vivre au rythme des appels alarmistes faisant état de la reprise des émeutes dans l'un ou l'autre quartier déjà touché par le cycle de la violence urbaine. Si pour jeudi, la situation s'est inscrite dans un semblant de calme, les habitants sont constamment sous tension et les commerces prêts à baisser rideau à la moindre alerte. Interpellations, arrestations, les rumeurs les plus folles ont couru, mercredi et jeudi matin, dans tout Oran commentant les événements du début d'après-midi de mercredi, en absence de tout bilan officiel. Plus que les mouvements de foule en eux-mêmes, ce sont les rumeurs qui ont été les vecteurs de communication, relayées par le téléphone arabe. “Les gens n'arrêtent pas de spéculer, racontant n'importe quoi qui peut faire dégénérer la situation”, regrette Malik, 45 ans. Pourtant, depuis jeudi matin et hier, les cars de police étaient bien visibles aux carrefours les plus sensibles de la ville et la présence policière ostentatoire dans les grandes avenues d'Oran. Un renforcement préventif de la sécurité en perspective d'éventuels mouvements de foule après la prière du vendredi. Un scénario qui rappelle étrangement celui du vendredi 8 octobre 1988 où Oran s'embrasa. La ville, soigneusement quadrillée, continue toujours de vivre au rythme des appels alarmistes faisant état de la reprise des émeutes dans l'un ou l'autre quartier déjà touché par le cycle de la violence urbaine. Si pour le jeudi, la situation s'est inscrite dans un semblant de calme, les habitants sont constamment sous tension et les commerces prêts à baisser rideau à la moindre alerte. Au centre-ville, véritable vitrine commerciale et sociale de la ville, les gens vaquaient normalement à leur quotidien alors que des informations sur d'éventuels “grabuges” matinaux dans la commune d'El-Kerma avec des jets de pierres contre la base de vie des Chinois ou à El-Hamri, étaient repris en boucle. “on a encerclé le commissariat de Petit Lac”, “la rue d'Arzew a été bloquée”, “on a agressé des automobilistes”, les informations les plus invraisemblables comme les plus invérifiables avaient la part belle dans les discussions des Oranais qui n'ont cependant pas interrompu leur après-midi de shopping. Hier, et jusqu'au coup de midi, aucune manifestation de violence n'était à l'horizon mais tout le monde croisait les doigts pour que l'après-midi ressemblasse à la matinée. “J'espère qu'il n'y aura pas d'incidents”, prie Chérif, hôte d'Oran pour 48 heures. Nombre d'Oranais ont préféré faire l'impasse de la mosquée de crainte de voir les choses prendre une tournure dramatique surtout si l'on connaît l'opportunité des casseurs prompts à s'introduire dans toute marche organisée et de la prendre à leur compte en déclenchant les hostilités.