Les émeutes qui ont éclaté ces derniers jours dans la région semblent faire boule de neige incitant d'autres localités à manifester leur colère. La sourde oreille des responsables locaux ne fait qu'aggraver les choses. La vague de contestation ne cesse de s'amplifier dans la wilaya d'El Tarf. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ces diverses émeutes ne semblent pas faire bouger les gestionnaires de ces cités, bien au contraire, l'on assiste à une passivité déconcertante. Au cours de cette semaine, l'on a enregistré pas moins de cinq émeutes à travers la wilaya dont les plus importantes sont celles menées par les jeunes potaches qui dénoncent l'insouciance des responsables, le manque de chauffage dans les classes et l'absence quasi-total du ramassage scolaire. C'est ainsi que les élèves du nouveau lycée de Zerizer ont fermé la route aux automobilistes se rendant au chef-lieu de daïra de Besbès. Celle-ci n'a été ouverte que lorsque les sages des municipalités ont intervenu pour calmer les esprits. Selon nos sources, les lycéens du chef-lieu de wilaya prendront le relais demain vu que leur établissement a les pieds dans l'eau depuis jeudi. Dans la petite bourgade d'El Frine, commune de Aïn Assel, daïra d'El Kala, des jeunes et des moins jeunes ont manifesté dans la rue traitant les pouvoirs publics de tous les mots et en particulier les élus locaux qui ne font rien pour améliorer leur cadre de vie. À l'ouest de la wilaya, notamment à Aïn Allem, daïra de Drean, la population est aussi sortie de son mutisme. Les habitants ont fermé, dans la journée de jeudi, la RN16 menant vers les localités de Guelma et Souk Ahras avec des pneus en feu et des objets hétéroclites, obligeant les automobilistes à rebrousser chemin. La localité dont la population dépasse, selon le dernier recensement, les 15 000 habitants, avait les pieds dans l'eau et ce n'est pas la première fois, nous apprend-on. La contestation a atteint les autres localités notamment, Djenan Echouk, Kaf Mourad, Besbès et Bordj Naïm, où la décharge publique dégage, même en hiver, des odeurs nauséabondes. L'on apprend, par ailleurs, que les ordures ménagères ne sont enlevées que rarement au niveau de plusieurs localités de la wilaya, ce qui a poussé la population à la contestation. À ces problèmes qui n'ont pas encore trouvé solution, l'on ajoutera celui des agressions. En effet, des individus, profitant d'une situation électrique, s'attaquent aux passants et aux automobilistes pour leur soustraire de l'argent ou leur portable. Il a fallu l'intervention des éléments des brigades de gendarmerie pour mettre un terme à ces actes de banditisme. En tout état de cause, la population a ras-le-bol de l'inaction des élus qui ont prouvé, une fois de plus, que les affaires des citoyens passent en second plan. Sur les lieux de la contestation, les mécontents se demandent à quoi ont servi les enveloppes financières faramineuses octroyées par la wilaya et le président de la République lors de son passage dans la wilaya en 2003, et entrant dans le cadre de la relance économique. De l'argent injecté à juste titre pour “éradiquer l'habitat précaire, créer des postes d'emploi, améliorer le cadre de vie de nos cités, de plus en plus hideuses”, dira un groupe de citoyens. Une chose est sûre, le ministre de la Solidarité n'a pas été ménagé par la foule qui se demande où sont passé les véhicules attribués aux communes et devant servir au ramassage scolaire. En tout cas, ce ministre n'a pas tenu sa promesse, diront des collégiens et des lycéens qui, chaque matin, arpentent plus de 7 km pour regagner leurs établissements et la même distance pour regagner leur domicile le soir. Les autorités locales sont apostrophées une fois de plus, faute de quoi, cette passivité risque d'avoir dans les prochains jours des conséquences néfastes étant donné que les émeutes ont tendance à gagner du terrain. Boudjemâa Tahar