Du 11 au 17 janvier, la capitale de l'Ahaggar a vécu aux rythmes du Sud algérien et subsaharien. Des soirées artistiques, des journées scientifiques. Un public présent en masse profitant de ces instants forts. Le temps d'un festival, Tamanrasset, malgré le froid hivernal, a été chaleureuse par son accueil, son patrimoine, sa générosité. “Je déclare officiellement la clôture du 2e Festival international des arts de l'Ahaggar. Rendez-vous l'année prochaine, pour la 3e édition.” C'est en ces termes que le commissaire du festival, Farid Ighilahriz, a annoncé la fin des festivités en début de soirée de lundi passé, au campement d'Aguenar. Il était 18h30 passées lorsque la cérémonie de clôture a commencé. Au menu, un programme typique et atypique consacré à l'art musical du Sud algérien. Mais avant d'embarquer pour les destinations sonorités et rythmes, les organisateurs ont récompensé les enfants ayant participé à l'atelier bande dessinée/manga. Ils ont reçu, en guise de cadeaux, deux mangas, un Laabstore (magazine de manga et de jeux vidéos algérien) et une attestation de participation, d'une part. D'autre part, les noms des lauréats du concours “Contes et légendes du patrimoine saharien” ont été annoncés au public par le président du jury, Kamel Sadou, qui a exprimé sa satisfaction quant aux manuscrits reçus pour ce concours. Il a même annoncé aux présents qu'ils pouvaient d'ores et déjà commencer à réfléchir sur le concours de la prochaine édition. Sabine Pakora et Mahi Seddik ont raconté les histoires de deux lauréats : Annia Iftini pour le Fils de la lune, et Ouassila Abdi pour E-cheb ou ennakhla el iîmlaqa. Les deux conteurs étaient accompagnés par Moussa Koïta (djembé et n'goni, une sorte de harpe) et Mohamed Aghrib (tazemart), créant une atmosphère intimiste, sensible et très complice. Une belle mise en espace de deux histoires imaginées par des filles de moins de 16 ans, à laquelle le public a été très attentif et réceptif. Place ensuite à la musique et la programmation alléchante, car permettant à l'assistance, festivaliers compris, d'apprécier une musique venue du fin fond du Sud algérien. Une musique qui ne peut vous laisser impassibles, car vraie, suave et surtout séculaire, gorgée d'histoire, de vécu, d'une sublime beauté. C'est sous un ciel étoilé, point de vent, point de froid, point de poussière (juste un peu). À croire que Dame Nature, compréhensive, ne voulait pas décevoir les invités de la capitale de l'Ahaggar en cette soirée de clôture. Une atmosphère spéciale où particularité rimait avec osmose, où l'esprit de Tin Hinane, la mère des Touaregs, était là, présent et protecteur. La formation T'bal d'In Salah fit son entrée en premier. Elle a exécuté un tableau musical spécifique et répandu dans tout le Sud-ouest saharien. Une succession de rythmes, mais aussi d'adresse et d'exécution. Un trois en un : communion, cadence et spiritualité, imposées par le son des percussions. Ganga et Alliwane d'Illizi prennent la relève. Oscillations des corps, des femmes immobiles, accompagnées du tambour, battant le rythme, chantant le tindé, chantent en chœur. La foule, attentive, se laisser transporter, en communion avec les artistes. Enfin, le clou de la soirée. Un pot-pourri, une sorte de bœuf musical. Jakmi d'Abalessa a invité le tindé Tarzouk, Amsel, Ganga et Ahellil de Timimoun à le rejoindre sur scène pour une clôture en apothéose. Une osmose artistique entre différentes troupes, seule la musique, la belle, la pure. C'est tard dans la soirée, que les lumières du campement d'Aguenar se sont éteintes sur ce 2e Festival international des arts de l'Ahaggar. Une édition riche, condensée… Cette année, le 2e Festival international des arts de l'Ahaggar a vu une programmation artistique de bonne facture, des journées scientifiques dédiées au patrimoine immatériel, à son environnement géographique et social et à sa préservation. Le campement restituant un camp touareg a été rapproché, à Aguenar, au pied du massif d'Atakor. Situé à 8 km et s'étendant sur 72 000 m2, il reçut une affluence massive. Rien que pour la soirée de dimanche, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont “envahi” le camp. Selon le commissaire du festival, M. Ighilahriz, cette édition est “une réussite”. Comme il l'a signalé, aucun effort n'a été ménagé pour que le succès soit au rendez-vous. Et d'ajouter : “Le but a été atteint avec la participation du public et de la population locale. Ce festival est un carrefour qui permet aux détenteurs du savoir et du savoir-faire traditionnel de le montrer au public.” Par ailleurs, la réussite de ce festival réside entre autres de la participation massive des enfants de la ville et des environs – qui ont pour beaucoup séché leur cours – aux ateliers de dessins et de bande dessinée/manga, donnant libre cours à leur créativité et fibre artistiques. L'espace cinéma a aussi connu un engouement grâce aux films projetés, doublés, pour la plupart, en tamazight. Les actes des journées scientifiques de cette édition et ceux de l'année dernière vont être édités. Il y a même l'éventualité de regrouper les contes et légendes du concours des deux éditions en un recueil. Le rideau est tombé sur le festival avec une note d'espoir. Celui de voir le patrimoine immatériel de l'Ahaggar (et des autres régions également) pris en charge pour sa sauvegarde, pour que les générations futures ne perdent pas leurs repères.