Multipliant les provocations, Ali Benhadj est tombé cette fois dans les filets de la justice qui ne veut plus supporter le comportement pour le moins outrageant de l'islamiste. Sa mise en liberté provisoire n'est qu'une étape dans ce processus judiciaire. Ali Benhadj s'est présenté hier devant le magistrat instructeur de la chambre 3 près le tribunal de Baïnem. Il a été auditionné pendant près de 2 heures avant qu'il ne soit libéré provisoirement d'autant que l'instruction judiciaire se poursuit toujours selon une source proche du dossier. Une information confirmée par son avocat, Me Zouita, qui s'est abstenu de fournir de plus amples détails. “Mon client lui seul vous expliquera”, a-t-il indiqué. Mais il n'a pas manqué de qualifié comme à son habitude cette poursuite judiciaire de “cabale politique”. L'ancien dirigeant du parti dissous qui a mis le pays à feu et à sang a comparu hier devant le juge d'instruction près le tribunal de Baïnem pour les chefs d'inculpation “incitation à la révolte et atteinte à la sécurité et l'intégrité de l'Etat et incitation à l'attroupement armé”. Il y a lieu de rappeler que Ali Benhadj a été arrêté le mercredi 5 janvier dernier, alors que des émeutes avaient éclaté dans le quartier populaire de Bab El- Oued à Alger, une manifestation qui n'a pas tardé à s'élargir sur le territoire national en raison de l'augmentation des prix des produits alimentaires. Benhadj qui voulait rejoindre les manifestants a été arrêté à bord d'un véhicule Marutti en compagnie de son fils et deux de ses proches dans un barrage de police. Il a été relâché après avoir été mis en garde à vue pendant 4 jours. Au sujet de son arrestation Ali Benhadj a déclaré devant le juge : “J'ai été en route vers la présidence de la République, porteur d'un message des manifestants avant que je ne sois interpellé par des policiers.” Il fut arrêté une deuxième fois à sa sortie de la mosquée de Jolie-Vue de Kouba, après la prière du vendredi dernier. Comme à l'accoutumée, à la fin de la prière, Ali Benhadj a tenu un discours subversif devant les fidèles sur la situation du pays et n'a pas manqué de tirer à boulets rouges sur le pouvoir algérien le comparant au tunisien les accusant d'être à la solde des Américains et d'Israël. Il a ni plus ni moins demandé la démission du président de la République et a légitimé les dernières émeutes en incitant les populations et notamment les jeunes à combattre pour arracher leurs droits. Comble de l'ironie, c'est celui qui a légitimé la mort de jeunes Algériens, dans les années 1990, qui tente de pousser à la révolte. À sa sortie, il fut interpellé par des policiers en civil. Son dossier transmis à la justice. Présenté devant le procureur près le tribunal de Baïnem, il demandera la présence d'un avocat. Sa présentation fut reportée pour l'audience d'hier après avoir constitué Me Zouita. À sa sortie de l'audience, Benhadj nous a affirmé :“J'ai refusé de répondre aux chefs d'inculpation, cette affaire est politique et pour moi la justice n'est pas indépendante.” Un nombre de ses sympathisants âgés, mais pas aussi nombreux que les années passées, sont venus le soutenir en compagnie de ses deux fils et de son frère. On a enregistré l'absence des membres et militants de l'ex-FIS, en l'occurrence Kamel Guemmazi, Boukhemkhem et autres fidèles du parti dissous. Il faut savoir que l'ancien numéro 2 du FIS dissous est passé, depuis sa libération en 2004, trois fois devant le juge d'instruction pour ses propos tenus à la chaîne qatarie Al Jazeera à l'annonce de l'assassinat des deux diplomates algériens, Ali Belaroussi et Belkadi par le groupe terroriste dirigé par Al-Zerkaoui à Bagdad. Il a loué l'action d'Al-Qaïda en Irak en la comparant à celle menée par les Algériens contre l'occupant français. Cette position avait, rappelons-le, soulevé le tollé dans l'opinion publique nationale, mais les autorités n'ont pas réagi face à cette provocation de l'ancien compagnon d'Abassi Madani. Ali Benhadj, libéré de prison après avoir purgé une peine de 12 ans en 2004, est toujours sous le coup d'une interdiction de communiquer à la presse. Mais force est de constater qu'il n'a jamais respecté cette mesure à laquelle il s'est pourtant engagé. Loin s'en faut. Multipliant les provocations à chaque occasion afin d'attirer les médias et tenter de rebondir sur la scène politique, Benhadj n'aura pas réussi à atteindre cet objectif. Chassé à plusieurs reprises des mosquées par les fidèles qui ne veulent plus entendre les élucubrations de l'islamiste, Benhadj n'en démord pas facilement. “Je n'ai pas peur de la justice et je ne céderai devant aucune menace”, a-t-il encore affirmé hier devant les journalistes présents à son procès. Une manière de défier l'Etat. Mais cette fois- ci, les autorités sont décidées à faire respecter la loi.