Le rendez-vous culturel hebdomadaire, organisé par le Théâtre national algérien, Echo de plumes, et animé par Abderrezak Boukeba, a reçu, samedi passé à 14h, deux invités et non des moindres : l'auteur Wassiny Laredj et le dramaturge oranais Mourad Snoussi. Cette rencontre avait pour but de dévoiler au public l'adaptation de l'œuvre de Wassiny Laredj au théâtre, à travers une lecture effectuée par le dramaturge lui-même. Ountha essarab (femme mirage) devient Imra'a min waraq (femme de papier). Cette adaptation théâtrale sera coproduite par le Théâtre nationale algérien et le Théâtre régional de Skikda pour fin 2011. La mise en scène sera l'œuvre de Sonia, présente à ce rendez-vous, qui a connu un réaménagement certain : les deux premiers samedis du mois sont consacrés au texte, le troisième au débat et le quatrième au parcours de l'invité. Félicitant l'initiative de Mourad Snoussi de vouloir adapter son roman avant même qu'il ne sorte dans les librairies, Wassiny Laredj a exprimé son satisfecit quant à l'adaptation. Il résuma en quelques phrases l'œuvre qui tourne autour du professeur ou l'homme de lettres, son épouse, sa maîtresse et Meriem, le personnage pivot que l'homme de lettres a créé pour alimenter ses écrits. À travers la lecture, on devine que Mourad Snoussi a effectué une adaptation libre sans pour autant se défaire du squelette de l'œuvre d'origine. La mouture finale est susceptible de connaître des changements, selon les besoins de la mise en scène. La différence réside, entre autres, dans le niveau d'écriture. Chez Wassiny Laredj, c'est une écriture d'abstraction, de réduction, alors que chez Snoussi, c'est le témoignage. Celui d'une époque, d'un vécu qui nous concerne tous. En effet, beaucoup de références historiques de l'Algérie du XXe siècle : les décès d'Issiakhem, de Mustapha Kateb et son cousin Kateb Yacine, assassinats de Djaout, Alloula, l'accident mortel de Kamel Messaoudi. Tout cela par le biais de deux personnages : l'épouse et la maîtresse. La première chez Wassiny Laredj est complètement effacée, alors que dans l'adaptation, tout gravite autour d'elle. Même la fin est différente. Dans le roman, elle est fermée, alors que dans la pièce, elle demeure ouverte… Contrairement au texte original, celui de l'adaptation est écrit dans la troisième langue (entre l'arabe littéraire et le dialectal). Par ailleurs, à travers l'œuvre lue à l'assistance, c'est toute la problématique de l'adaptation qui est posée. Doit-on rester fidèle à l'esprit du texte d'origine ou se permettre des écarts, tout en respectant la logique de départ ? Il n'y a pas eu une réponse précise, voire définitive. Les avis sont partagés, mais tous sont unanimes à dire que le travail d'adaptation demeure un des moyens de faire connaître un auteur à un large public. Comme affirmé par Sonia, “la lecture est un acte solitaire, alors que le théâtre est un acte public”.