La vie de Mohammed se verra complètement chamboulée le jour où sa fille, Myriam, quitte le domicile familial pour aller faire ses études. Ayant élevé sa fille seul, il se retrouvera plongé dans une solitude qu'il n'imaginait pas. Suite à cela, tous les personnages que croisera Mohammed deviendront les réceptacles des différentes histoires qu'il raconte, et fera preuve d'un talent exceptionnel pour l'art du conte. Cette narration permettra notamment au personnage principal de se remémorer l'Algérie, “terre de ses ancêtres”. Ce roman ravira plus d'un, car par son style d'écriture simple, parfois même gentiment naïf, mettra d'accord aussi bien le grand littéraire que le lecteur occasionnel. La narration se perdant souvent dans des contes à l'exotisme certain, les quelques lenteurs présentes dans le roman se font vite oublier au profit de l'évasion. Les thèmes qui sont abordés, souvent très sérieux, le sont avec une telle légèreté qu'on oublie leur gravité : la monoparentalité, l'émigration présenté parfois comme un exil, le racisme ou encore l'intégrisme sont autant de thèmes que l'auteur aborde sans tabous. Le tout marqué par un humour noir, au cynisme surprenant par le contraste qu'il fait avec l'apparente simplicité du récit. En outre, l'autre aspect réellement particulier et remarquable du roman est l'hommage que rend l'auteur à la tradition orale. Le personnage principal se retrouvant seul dès le début du roman, le conte sera sa manière de s'évader. Fuyant la présence des copains, lassé par son travail, il se réfugiera dans l'ancienne chambre de sa fille. Prenant bien souvent Cruella et Lucifer — les deux poupées de sa fille — comme seuls spectateurs, il fera de sa vie un conte à la fantaisie n'ayant d'égale que les Mille et une nuits. Revenant sur l'enfance de sa fille, mais surtout inventant une légende alambiquée sur l'absence mystérieuse de la mère de sa fille, Akli Tadjer nous offre avec ce roman, non seulement un bel hommage à la tradition orale — bien présente en Algérie, son pays d'origine —, mais il signe en plus un roman à l'aspect social évident. La preuve, peut-être, qu'un style simple et parfois facile transmet un message plus évident que ces romans à la prose complexe et raffinée. C'est un roman à part que signe Akli Tadjer. À mi-chemin entre le conte et le roman social, à l'écriture simple mais efficace, Il était une fois peut-être pas est un excellent divertissement. Il était une fois peut-être pas, d'Akli Tadjer, roman, 328 pages, éditions Apic, collection Résonances, Algérie, octobre 2010.