Les 15 membres du Conseil de sécurité de l'ONU se sent réunis jeudi dernier, conformément à une disposition de la résolution 1973 adoptée une semaine auparavant et demandant au secrétaire général, Ban Ki moon, de leur présenter un premier bilan des opérations après 7 jours. La réunion n'avait donc pas de caractère d'urgence. Rentrant tout juste de Tunisie et d'Egypte où il a séjourné, le secrétaire général de l'ONU a fait part de ses inquiétudes au Conseil de sécurité, concernant la sécurité des civils en Libye. Il a notamment déploré la poursuite d'affrontements violents un peu partout dans le pays ainsi que de multiples violations des droits de l'Homme. À aucun moment, Tripoli n'a respecté le cessez-le-feu, contrairement à ses déclarations, a-t-il dénoncé d'emblée. “Les autorités libyennes ont de façon répétée affirmé qu'elles ont mis en place un cessez-le-feu”, mais “nous ne voyons aucune preuve que c'est le cas. Au contraire, des affrontements violents ont continué”, a insisté Ban Ki moon, avant de conclure que, d'une manière générale, le gouvernement libyen n'a “pas pris de mesures pour remplir ses obligations” inscrites dans la résolution 1973. Et de prévenir que “si la Libye n'agit pas pour se conformer à la résolution en question, le Conseil de sécurité pourrait être prêt à prendre des mesures additionnelles.” Rien n'a cependant été dit sur la nature de ces éventuelles “mesures additionnelles” et on peut se demander si, par exemple, le déploiement de troupes au sol pourrait être envisagé. Après avoir déploré en termes diplomatiques la cacophonie qui a prévalu dans la mise en œuvre de la résolution de l'ONU et souhaité que la communauté internationale parle d'une seule voix, y compris sur le volet concernant l'acheminement de l'aide humanitaire, le secrétaire général de l'ONU a rappelé fermement les autorités libyennes à leurs devoirs. “Le colonel Kadhafi doit accepter un cessez-le-feu immédiat, ses forces doivent se retirer de toutes les zones où elles sont entrées, l'aide humanitaire doit pouvoir pénétrer sans entraves”, a-t-il insisté. M. Ban Ki moon a également rendu compte de la mission effectuée en Libye par son envoyé spécial, le Jordanien Abdallah Khatib, qui a rencontré les autorités libyennes et des représentants de l'insurrection. Aux premières, l'émissaire spécial a dit que “les attaques sur des civils doivent cesser”, qu'un “accès humanitaire sûr doit être garanti” et que “ceux qui sont responsables de crimes contre leur peuple devront répondre de leurs actes.” Il a surtout écouté les seconds, qui lui ont fait part de leurs inquiétudes et des souffrances des Libyens, tout en réitérant leur “demande d'un cessez-le-feu.” L'ambassadeur de France à l'ONU, Gérard Araud a, pour sa part, qualifié l'opération militaire de “succès”, qui a “évité un massacre à Benghazi, stoppé net l'offensive des troupes de Kadhafi” et permis l'instauration de la zone d'exclusion aérienne demandée par la Ligue arabe. La vérité est cependant moins reluisante que ne veut bien l'entendre l'ambassadeur français. La Ligue arabe a fini par faire volte-face en réfutant les bombardements, la Russie et la Chine continuent d'exprimer leur réticence à toute forme d'intervention militaire tout en demandant d'éviter à tout prix des victimes civiles et un véritable bras de fer a opposé la France aux Etats-Unis concernant le commandement des opérations. Le commandement est désormais assuré par l'Otan, impliquant une participation symbolique et de mauvaise grâce de la Turquie. La France a donc perdu dans cette bataille d'influence qui l'a opposée aux Etats-Unis, mais reste une espèce de porte-parole plus ou moins informel, ce qui a fait écrire à un hebdomadaire de l'Hexagone cette formule délicieuse : le commandement à l'Otan, le micro à Sarkozy.