“Cette rencontre est cruciale aujourd'hui car le rapport du secrétaire général des Nations unies vient d'être présenté au Conseil de sécurité, qui prendra une décision le 29 avril prochain.” C'est ce qu'a déclaré, hier Maya Sahli, juriste et experte auprès du Comité de l'ONU pour les droits de l'Homme (CDH) de Genève, lors de la journée d'étude consacrée “au respect et (à) la protection des droits humains dans les territoires occupés du Sahara occidental”, qui s'est tenue au siège du Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (Cnasps). L'enseignante à l'Institut diplomatique et des relations internationales d'Alger a estimé, dans ce cadre, que le rapport de Ban Ki-moon comporte “un point positif”, dans la mesure où il réagit à la question des droits de l'Homme au Sahara occidental et qu'il interpelle la communauté internationale sur les mécanismes de surveillance des droits humains sur ce territoire. Mme Sahli a, également, applaudi au fait que le document du secrétaire général de l'ONU renferme une référence de “territoire occupé”, voire même la qualification de “territoire non autonome”. Elle a, cependant, constaté dans le même temps que “l'actualité” du Sahara occidental est fait de “violations massives des droits de l'Homme (dans un) territoire occupé”. Selon elle, l'évocation d'une situation d'occupation en droit international implique le respect, par les forces d'occupation, d'un minima des droits humains et celui des Conventions de Genève pour protéger les populations civiles. Or, dans le cas de la question sahraoui, “le Maroc fait fi” de tout cela. Revenant une fois de plus au rapport de Ban Ki-moon, la militante du Cnasps a rappelé que celui-ci a fait état de la situation en Afrique du Nord, notamment au cas de la Tunisie et de la Libye, et a parlé même de péril dans cette région, confirmant ainsi l'urgence de trouver une solution. “Aujourd'hui, nous sommes devant deux possibilités, soit organiser un référendum d'autodétermination, soit poursuivre les négociations entre le Front Polisario et le Maroc pour aboutir sur une solution pacifique qui satisfasse le peuple sahraoui”, a soutenu la juriste, précisant plus loin : “Pour la communauté internationale, il n'est pas question de trouver des scénarios en dehors de la partie sahraouie.” Sur le registre du mandat de la mission des Nations unies pour un référendum au Sahara occidental (Minurso) qui devrait prochainement être prorogé d'une année, par le Conseil de sécurité, Maya Sahli n'a pas exclu l'idée que la France puisse user de son droit de veto pour rejeter l'introduction d'un mécanisme des droits de l'Homme dans le mandat de la Minurso. L'experte auprès du CDH a néanmoins insisté sur le fait qu'“il faut peser pour la création d'un mécanisme de surveillance des droits de l'Homme” dans les territoires occupés du Sahara occidental, en signalant qu'un tel mécanisme doit être “renouvelable”. Désormais, “les droits humains doivent être une constante dans la lutte du peuple sahraoui”, a-t-elle explicité. Une délégation de militants et militantes sahraouis venus des territoires occupés, ainsi que deux autres membres fondateurs du Cnasps, à savoir Mohamed-Kamel Rezag Bara, ancien président de l'Office national des droits de l'Homme (ONDH) et membre de la Commission africaine de l'UA des droits de l'Homme et des peuples, et le Dr Saïd Ayachi, ex-président du Croissant-Rouge algérien, sont également intervenus hier. La première pour témoigner des exactions quotidiennes de l'occupant marocain, des complicités dont celui-ci bénéficie et aussi de la poursuite de la résistance pacifique sahraouie ; les seconds pour approcher d'autres facettes de la problématique des droits humains dans l'ex-colonie espagnole, enlevant tout doute sur les atteintes des droits de l'Homme dans ce territoire maghrébin.