La solidarité avec le peuple sahraoui passe par la mobilisation des médias vu leur importance. «L'information est une idée. Lorsqu'elle s'empare des masses, elle devient une force» en la médiatisant davantage, la cause sahraouie gagnera en audience. Intervenant lors de la journée d'étude sur le respect et la protection des droits de l'homme, organisée dimanche à Alger par le Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui et analysant la situation dans les territoires occupés, M.Mohamed Kamel Rezag Bara, président de la Commission africaine des droits de l'homme, la qualifiera de «très préoccupante en raison de l'impunité de l'Etat qui caractérise la puissance occupante et de l'absence d'outils fiables pour s'assurer de l'application effective des résolutions de l'ONU sur le terrain». Revenant sur la répression aveugle qui s'est abattue sur les populations civiles en novembre dernier et évoquant le cas de la militante des droits de l'homme, Amina Haïder, qui avait décidé d'observer une grève illimitée de la faim en signe de protestation contre l'intervention des forces d'occupation marocaines, l'avocat mem-bre fondateur du Cnasps ne manquera pas de saluer le travail des médias qui ont grandement contribué à sa libération et à la médiatisation de la cause sahraouie. M.Mohamed Kamel Rezag Bara est persuadé, cependant, que l'intérêt de la presse à la question sahraouie est relatif, voire très nuancé. Selon lui, les quotidiens algériens ont là, un très grand rôle à jouer car en lui consacrant régulièrement un espace, le peuple sahraoui en sera grandi et la lutte qu'il mène contre l'occupant depuis 1975, mieux connue. Pour Mme Maya Sahli, professeur de droit à l'ENA et experte auprès des Nations unies dans le domaine des droits de l'homme, la rencontre est cruciale parce qu'elle intervient à la veille de la remise du rapport concernant le conflit du Sahara occidental au Conseil de sécurité par le secrétaire général de l'ONU». Dans l'attente de cette énième résolution, l'oratrice indique qu'il est urgent de trouver des solutions aux conflits qui agitent actuellement le Monde arabe et certains pays du Maghreb et avertit ceux qui se seraient laissés attendrir par la proposition de l'autonomie qui veut dire intégration et non indépendance. Accusant la France pour son parti pris dans le conflit et se référant au mandat de la Minurso, Mme Maya Sahli estime que «la mission de cette dernière devant être renforcée, voire reprécisée en étant étendue aux droits de l'homme qui sont bafoués chaque jour par l'administration occupante. Dans un témoignage très poignant, une rescapée des geôles marocaines révèle que de nombreuses femmes, parmi lesquelles des adolescentes, croupissent en prison et que leurs procès sont des simulacres». Les qualifiant d'intifadha, «les émeutes de l'automne dernier ont été, selon cet autre témoin, réprimées sauvagement et n'ont épargné ni femme, ni vieillards, ni enfants». Beaucoup d'hommes et de femmes arrêtés ont été condamnés à de lourdes peines sans qu'aucune charge n'ait été retenue contre eux. D'autres ont été emportés à la fleur de l'âge et dont le seul tort est d'avoir revendiqué le droit à l'autodétermination, un droit inaliénable énoncé par la Charte des Nations unies et revendiqué par tous ceux qui aspirent à recouvrer leur indépendance et leur liberté.