Le lieutenant-colonel Djamel Bouzghaïa a battu en brèche toutes les thèses qui privilégient l'action politique et l'échange des renseignements dans la préservation ou la restauration de la sécurité des Etats, développées par des experts en la matière, notamment depuis les attentats du 11 septembre 2001. Le haut officier de l'ANP, intervenant lors des journées parlementaires sur la défense nationale qui se poursuivent à l'Ecole militaire polytechnique, a affirmé que “la sécurité va (…) continuer encore longtemps à être produite quasi exclusivement par des moyens militaires”. Le lieutenant-colonel Bouzghaïa s'est naturellement attardé sur la prolifération des actes de criminalité et surtout le terrorisme qui fragilisent davantage les pays. À cet égard, il a estimé que le sentiment d'insécurité chez les populations est décuplé par “la transmission en direct, instantanée et en image de partout, de toutes les catastrophes et de tous les crimes”. Tout en se défendant de faire le procès des médias et sans vouloir “occulter le problème”, il s'est dit convaincu que la surmédiatisation des attentats terroristes a donné une plus grande dimension au phénomène. Le vice-amiral français Jean Dufourcq a également mis la problématique du terrorisme au centre de sa longue intervention. Il a affirmé qu'à l'heure de la mondialisation de la menace terroriste, la sécurité individuelle des Européens est nettement moins bien assurée que celle des Etats. Ce qui a amené l'Union européenne à réfléchir sur un projet de stratégie sécuritaire collective, qui transcende l'obstacle des frontières et des spécificités de politique intérieure de chacun des pays de la Communauté européenne (au nombre de 25 à partir du mois de mai 2004). Un diplomate européen a parlé de l'image d'impuissance que donne l'Union européenne dans la gestion des crises. Sans citer explicitement l'expérience de la guerre contre l'Irak ni celle du conflit des Balkans, l'intervenant a rappelé que l'Otan a failli dans de nombreuses interventions, révélant par là même une incapacité d'agir efficacement. “On ne sait pas encore à quoi sert l'Otan, si ce n'est à creuser un peu plus les divergences d'approches entre l'Europe et les Etats-Unis”. Il a conclu que face aux hypothèses d'insécurité, imposées par la mondialisation, les grandes coalitions s'avèrent obsolètes. Un universitaire algérien s'est enquis auprès du militaire français du type de coopération à mettre en œuvre entre les pays européens et ceux qui souffrent du terrorisme tels que l'Algérie. Le vice-amiral Dufourcq a répondu que les méthodes de renseignements multilatérales en matière de menace terroriste ne sont pas encore parfaitement maîtrisées. Il a annoncé, par ailleurs, que l'Union européenne procédera bientôt à la création d'une agence européenne d'armement, qui devrait réguler la fabrication et la vente des armes. Souhila H.