Abdelhamid Mehri ne croit pas trop à la démarche confiée à la commission Bensalah, estimant que l'on ne peut mettre les charrues avant les bœufs. Pour l'ancien patron du FLN, les révisions des lois et de la Constitution devraient être l'aboutissement d'un consensus et non une fin en soi. Abdelhamid Mehri diverge avec la démarche initiée par le président Bouteflika et plaide pour l'organisation d'une conférence nationale regroupant toutes les forces politiques du pays. Pour lui, la participation de toutes les forces politiques, “sans exclusion, sous aucun prétexte”, devrait être effective durant toutes les phases de recherche, de planification et d'exécution des réformes. Abdelhamid Mehri ne croit pas trop à la thèse de la majorité. Pour lui, ce n'est pas à la majorité actuelle d'imposer ses choix. Il en veut pour preuve l'expérience de la Constitution de 1989. Il plaide pour un large consensus pour faire réussir les réformes politiques. Ce consensus devrait aboutir à un document de référence précisant avec clarté les buts, les étapes et les méthodes d'application de mise en œuvre des réformes. Pour l'ancien patron du FLN, vouloir réduire les réformes à de simples révisions de lois risque de les vider de leur sens, estimant que “ce qui est reproché actuellement au pouvoir, ce sont ses pratiques et ses décisions qui se font en dehors de la loi et qui constituent un pouvoir parallèle au pouvoir sur papier”. M. Mehri a tenu à préciser qu'il avait des contacts permanents avec le leader du FFS, Hocine Aït Ahmed, mais “on n'a pas de position commune”. Au sujet de la participation des islamistes à la conférence nationale, Abdelhamid Mehri a tenu à préciser qu'il ne partageait pas certaines de leurs idées, que ce soit celles appelant à la violence ou celles plaidant pour un Etat théocratique, mais il estime : “je ne peux pas les empêcher de jouir de leurs droits civiques. L'Algérie a besoin de tous ses enfants pour réussir les réformes.” Abdelhamid Mehri martèlera que la priorité doit aller à l'élaboration d'un projet consensuel et que la révision des textes, y compris la Constitution, doit intervenir en dernier lieu. Dans le même sillage, M. Mehri propose d'encourager toutes les franges de la société afin qu'elles organisent des rencontres en vue de débattre du sujet du changement et de proposer des solutions. Il suggère, en outre, l'ouverture d'un débat parlementaire (au sein des deux Chambres) autour du même sujet. L'idée de la conférence nationale, proposée par une bonne partie de l'opposition, ne semble pas convaincre le pouvoir, pour le moment. Mais elle reste, quand même, une carte que le président Bouteflika pourrait faire jouer, au cas où ses “profondes réformes” n'arriveraient pas à convaincre.