La deuxième explication de l'échec réside dans l'inertie née des intérêts acquis. Un nombre important d'individus puissants profitent de la situation présente et font tout pour bloquer les tentatives de changement. Par la suite les forces apparues dans la société avec la libéralisation du commerce extérieur vont agir pour se faire une place sur l'échiquier politique. C'est la naissance de la grande corruption et la menace d'accaparement de l'état au profit des intérêts privés. Il y a, enfin, la paupérisation et la marginalisation des intellectuels et de la classe moyenne qui devaient servir de locomotive pour le changement et le progrès. Les éléments d'ancrage des mentalités et des intérêts acquis étaient nécessaires au système autocratique, parce que sans eux ce système ne pouvait perdurer. La transition vers l'économie de marché et la démocratie se caractérise par une probabilité élevée d'augmentation de la grande corruption. D'où la nécessité de mener une lutte frontale contre ces éléments d'ancrage. Les faits sont là : nous enregistrons dans la région, un retard notable dans la construction de l'état de droit, la démocratie, les libertés et l'alternance au pouvoir. D'où la nécessité de revoir la copie et d'appeler au changement pacifique du système de gouvernance. Aujourd'hui, il y a une urgente nécessité de passer d'un état faible par la force de la répression et l'exclusion (justifiées pour le maintien de l'ordre) à un état fort par la force du droit, de la justice et de la participation. Le train de la Révolution est en marche et passera par tous les pays de la région, sans exception. Le freiner ou le retarder ne fera qu'aggraver la situation et en premier lieu, le salut des dirigeants actuels. Le choix est évident : anticiper la catastrophe ou la subir ? Si la rente est, aujourd'hui, un instrument de maintien d'un pouvoir illégitime, elle deviendra bientôt l'accélérateur de sa destruction. Bien que convaincus de l'inéluctabilité du changement, les tenants du pouvoir, ne veulent pas ou n'osent ou n'ont pas la force morale pour affronter des intérêts puissants qui s'accommodent d'un statu quo, derrière les rideaux. Entre un pouvoir autiste et fermé à toutes les revendications et les forces vives de la Nation décidées à défendre leur droit à la liberté, le choc est inévitable. Le pouvoir s'imagine que par la dilapidation des ressources financières, la corruption et une répression mieux organisée et plus efficace, il peut acheter la paix sociale. C'est un leurre. Les tenants du pouvoir doivent reconsidérer tout le problème du changement à la lumière des derniers événements dans la région et, ainsi, préparer une sortie honorable. à jeudi prochain pour un autre sujet. Entre-temps débattons sur les meilleurs moyens d'avancer vers un avenir de progrès et de prospérité pour tous les Algériens. à la tentation du pessimisme, opposons la nécessité de l'optimisme !