Pendant le sommeil, l'âme se trouve dans un état différent de celui où elle se trouve pendant l'état de veille, conformément à ce que Dieu en a dit dans le Coran : “Dieu prend les âmes au moment de leur mort, ainsi que l'âme qui n'est pas morte pendant son sommeil. Il garde alors celle au sujet de laquelle Il a décrété la mort et renvoie l'autre jusqu'à un terme fixé...” (Coran). Après notre mort, nous irons dans le monde de l'étape (al-barzakh), mais pour le moment, nous vivons dans le monde que nous connaissons (ad-dunyâ). Or Dieu a créé une dimension où les actions que l'on fait prennent forme et où ce qui va arriver dans ce monde y prend d'abord forme également. C'est ce que Shâh Waliyyullâh a nommé “âlam al-mithâl” (“le monde de la représentation” (Hujjat ullâh il-bâligha, tome 1 pp. 51-56). C'est bien pourquoi une fois, le Prophète Muhammad (sur Lui la paix) à qui Dieu montrait parfois en état de veille aussi certaines des choses de ce monde de la représentation, dit à Ses Compagnons : “Voyez-vous ce que je vois ? Je vois les troubles (fitan) tomber dans vos maisons comme la pluie” (rapporté par Al-Bukhârî et Muslim). Or, il arrive parfois à certaines personnes que leur âme, pendant leur sommeil, voit certaines de ces choses se déroulant dans ce monde de la représentation (“âlam al-mithâl”). C'est l'origine des rêves prémonitoires. Le Prophète a ainsi vu en rêve l'apparition des deux imposteurs (comme nous l'avons vu plus haut). Il a aussi vu un rêve, alors qu'il était encore à La Mecque, qu'il émigrerait vers une terre où se trouvaient des dattiers, mais il avait cru qu'il s'agissait de la ville de Al-Yamâma ou de celle de Hajar ; les faits lui montrèrent ensuite qu'il était en fait question de la ville de Yathrib, celle qui devait ensuite s'appeler Médine (rapporté par Al-Bukhârî et Muslim). Un autre type de rêve véridique est celui où l'on voit la représentation d'un acte, vertueux ou mauvais. Il s'agit apparemment, ici encore, du fait que l'âme du dormeur a des aperçus de scène du monde de la représentation (“'âlam al-mithâl”). Umm al-Alâ vint ainsi raconter au Prophète qu'elle avait vu en rêve que Uthmân ibn Maz'ûn, décédé, avait une source qui coulait. Le Prophète dit : “C'est son action qui continue pour lui” (rapporté par Al-Bukhârî, n° 6615). Uthmân avait fait un acte vertueux dont les effets continuent sur terre après la mort (voir Al-Fat'h, commentaire de ce hadîth). Le Prophète lui-même avait, un matin, raconté à Ses Compagnons avoir fait un rêve où il avait vu deux anges l'emmener avec eux et où, au cours d'un voyage, il avait vu différentes personnes subir différents types de punitions : il y avait celui qui, durant sa vie, prêtait à intérêt, celui qui, durant sa vie, faisait courir des rumeurs, etc. (rapporté par al-Bukhârî, n° 1320 etc.).