résumé : Hakima pose des questions assez embarrassantes auxquelles sa maman tente de répondre avec beaucoup de tact. Mais la petite “savait”… Elle était déjà consciente de sa situation. Pour la distraire, sa maman l'emmène au parc d'attractions, où elle s'amusera comme une folle. 10eme partie Depuis ce jour, Hakima prit le pli de passer parfois, un week-end chez sa “maman”. Au fur et à mesure que les jours et les années passaient, elle comprenait mieux les choses. Et n'embêtait plus sa bienfaitrice. Elle avait accepté le fait qu'elle n'était pas une enfant comme les autres. Mais quelque chose en elle refusait de croire, que ses vrais parents l'avaient abandonnée. Son instinct rejetait cette hypothèse. Mais que faisait-elle alors dans cet orphelinat ? À 16 ans, elle se rendit à l'évidence. Elle était une pupille de l'Etat. Elle avait compris qu'elle n'était qu'une enfant assistée, et qu'un jour, lorsqu'elle aurait atteint sa majorité, on va la prier de quitter les lieux, et de chercher asile ailleurs. Et sa “maman” n'était qu'une femme au cœur aussi grand que le monde, qui avait tenté tant bien que mal de la “repêcher”. Elle au moins avait à ses côté cette femme merveilleuse qui l'empêchait de ressentir trop souvent ce manque affectif dont souffraient la plupart des adolescentes de son âge. Hakima redoublait d'efforts afin de continuer à rafler les meilleures notes à l'école, et afin que sa “maman” soit toujours fière d'elle. L'adolescente venait de boucler son cycle moyen, et s'apprêtait à entamer des études secondaires. Sa bienfaitrice veillait sur elle, et lui prodiguait mille et un conseils. Elles avaient même planifiés parfois quelques sorties en dehors de la ville, et Hakima avait découvert des sites pittoresques qui la ravirent. L'Algérie regorgeait de merveilles. Du Nord au Sud, de L'Est à l'Ouest, le pays était fabuleux. Hakima apprenait l'histoire et la géographie, et composait parfois des poèmes inspirés par ses randonnés et ses déplacements. Elle apprit que seules les études pouvaient mener à une vie plus paisible, et plus stable. Pour cela, elle se promettait d'aller jusqu'au bout, et lisait avec avidité tous les ouvrages qui lui tombaient sous la main. Elle peignait, écoutait de la musique, écrivait, et participait à des concours de culture générale où elle obtenait souvent les notes les plus enviées. Elle était déjà au lycée, lorsqu'un jour, elle dut tirer un trait sur les sorties et les visites de sa maman. L'accident Oui, tout avait une fin. Elle le savait, mais aussi rapidement, et aussi tragiquement, elle ne s'y attendait vraiment pas. On était au printemps. Un soleil radieux planait sur la ville, et comme c'était le week-end, sa “maman” vint la chercher pour passer quelque temps avec elle, et faire du shopping. Hakima adorait faire du shopping. Elle découvrait des magasins de luxe, des monoprix, des surfaces de vente, dont elle ne connaissait pratiquement pas l'existence. À l'orphelinat, on chuchotait derrière son dos qu'elle était traitée comme une princesse et que sa protectrice ne lui refusait rien, et lui faisait visiter des endroits qui n'étaient accessibles qu'aux gens respectables. Hakima se demandait souvent ce que ce mot signifiait réellement. La respectabilité, on pouvait l'acquérir par sa conduite et son éducation. Tout le monde devrait accéder sans embûches à la respectabilité. Mais elle reconnaissait aussi que le statut d'une personne élevée dans une institution publique, rendait cette respectabilité inaccessible à beaucoup de ses semblables. En fait, des filles comme elle, ne peuvent être considérée comme “filles de famille” étant donné que la seule famille qu'elles connaissaient, étaient les murs froids de l'orphelinat, et les regards sévères et dénués de toute affection des maîtresses censées les éduquer. Hakima s'estime tout de même heureuse d'avoir pu échapper quelque peu à ce régime strict. Elle, elle avait trouvé refuge auprès de sa “maman” et aussi dans ses occupations quotidiennes. Entre l'école et ses devoirs, elle s'évadait dans la lecture, qui au fur et à mesure que les années passaient, était devenue une véritable drogue pour son cerveau. Elle puisait sans vergogne dans la bibliothèque de sa maman, qui lui offrait aussi des revues, des CD, et des séries complètes de littérature classique et universelle. Est-ce tout cet amalgame de connaissances recherchée avec avidité, qui lui permettra de forger sa personnalité à un moment où les filles de son âge, passaient plus de temps à rêver au “prince charmant” qu'à autre chose ? (À suivre) Y. H.