La triste nouvelle est tombée lundi : Abderrahmane Sahouli nous a quittés, à l'âge de 96 ans en son domicile à Baïnem (Alger). Dans la discrétion. Ce natif de La Casbah – le 9 février 1915 – n'a eu de cesse de travailler et de peindre. Ni l'âge avancé ni les vicissitudes du temps n'ont eu raison de lui. Il a voué sa vie aux arts plastiques, plus précisément à la peinture. Ammi Abderrahmane, comme l'appelait ses proches et son voisinage, ne recouvrait la paix intérieure qu'en peignant. Dès son jeune âge, il se sentit attiré par les pinceaux et les couleurs. À peine venait-il de quitter le cycle primaire qu'il intégra une école de peinture pour assouvir sa passion et vivre pleinement son amour pour l'art. À la fin de la Seconde Guerre mondiale – après sa démobilisation –, en 1946 il rejoignit la Société des Beaux-arts, dirigée par Camille Leroy, et ce, en qualité d'artiste-peintre confirmé et affirmé. Tout au long de sa carrière, il côtoya des peintres de renom, à l'image des défunts et regrettés Mostefa Debbagh, M'hamed Issiakhem, Mohamed Bensemmane ou le miniaturiste Mohamed Temmam, et bien d'autres comme l'homme de lettres Safir Boudali qui a eu à diriger la Société des Beaux-arts durant les années 1960. Entre le figuratif et l'abstrait, le défunt s'inspirait du quotidien et des paysages qui l'entouraient. En parallèle à peinture, Abderrahmane Sahouli a assuré différents travaux : création d'affiche de cinéma (le Vent des Aurès), décoration des fonds de scène du Théâtre national algérien à l'époque de Mahieddine Bachtarzi qui le sollicitait. Il prit par également au 1er Festival panafricain en réalisant de grandes fresques… Enterré avant-hier lundi au cimetière de Sidi M'hamed, le doyen de la peinture algérienne a laissé une œuvre plurielle. Il a même formé toute une génération d'artistes-peintres. Certaines de ses œuvres sont encore visibles au musée de l'Académie de Cherchell, au Musée national des Beaux-arts ou à travers des compositions réalisées dans les années 1980 au niveau du Musée Central de l'Armée (Riadh El Feth). Elles sont le témoin de la grandeur artistique et plastique du défunt. Un homme qui a voué toute sa vie à l'art et à la culture, sans rien attendre en contrepartie. Juste une reconnaissance. Repose en paix.