Une nouvelle “activité” est née à Jijel. À l'instar des 40 Hectares et Haraten, de jeunes adolescents âgés entre 16 ans et 22 ans sèment la terreur dans ces régions considérées comme des coupe-gorges. Munis de sabres et de haches, ces “pirates” commencent leur “boulot” à la tombée de la nuit après avoir pris des doses importantes de narcotiques et de cannabis. Accompagné par un habitant des “gourbis” des 40 Hectares, nous avons pu approcher un agresseur activant dans le secteur en question, considéré comme zone interdite pour la plupart des Jijéliens. Cet adolescent de 18 ans, fier du “métier” qu'il exerce, nous a avoué qu'il n'hésitait pas à sauter sur le premier qui s'aventure à franchir son territoire. Ce jeune nous a confié qu'il activait dans un groupe constitué de 4 à 6 personnes. Plus étonnant, il a fabriqué son sabre de ses propres mains. “La base est de se procurer un serre-joint que les maçons utilisent pour le coffrage, puis l'affûter avec des pierres jusqu'à ce qu'il devienne tranchant”, nous dira ce jeune, arme à la main. Les proies les plus faciles sont les jeunes qui empruntent la route qui relie l'Ekité à El-Hadada en passant par les 40 Hectares. Malgré le risque omniprésent, les habitants d'El-Hadada et de ses environs utilisent toujours cette route, vu que c'est le plus court chemin. Ces jeunes qui ne reculent devant rien ne s'arrêtent malheureusement pas là. Ils forment des groupes et se déplacent en moto sur la route qui relie Kissir à l'Ekité et 40 Hectares, récemment ouverte aux automobilistes. Là encore, gare à celui qui emprunte cette route. Des familles et des couples ont tendance à passer des heures au bord de la route et profiter de la vue sur le barrage. Mais ils se font agresser à l'arme blanche. Il y a quelques semaines, un père de famille accompagné de sa fille s'est trouvé dans une situation traumatisante. Un groupe de jeunes munis d'épées a tenté de kidnapper sa fille. Par chance, les victimes ont pu être secourues à temps. Il y a quelques jours, un groupe venu de ladite région, armé de couteaux, de haches et de sabres, a attaqué des personnes lors d'une fête de mariage à Ben Achour, du côté des 1000 logements. Ce groupe de malfaiteurs composé de huit personnes était dirigé par un jeune de 17 ans connu sous le sobriquet de “Papillon”. Auteur de plusieurs délits, ce malfrat était derrière “la guerre des quartiers” qui a eu lieu il y a 2 ans entre les habitants de l'Ekité et ceux des 40 Hectares. Une bagarre sanglante qui a duré 3 jours. Du jamais vu à Jijel. Les habitants de Ben Achour, particulièrement les invités, ont été pris au dépourvu par une telle attaque et sont restés sous le choc sans réagir immédiatement, même au moment où le chanteur de l'orchestre a été menacé avec un couteau sous la gorge. Fort heureusement qu'il n'y a pas eu de blessés. Un de ces malfaiteurs a pris le micro et a menacé de mort les habitants et les invités. A Haraten, région située à 5 km à l'est de Jijel, les habitants ne cessent de se plaindre. Cette fois-ci, pas du manque d'eau, de gaz, de réseau d'assainissement et de travaux d'aménagement, mais ils se plaignent des agressions. Des jeunes munis d'armes blanches sillonnent chaque nuit les quartiers situés entre les bâtiments et agressent les passants. L'absence d'une réaction musclée des forces de sécurité a permis à ces malfaiteurs de gagner du terrain. En effet, une fois la nuit tombée, Haraten est livrée à ces bandits. Ce qui a aidé à la prolifération des agressions dans cette région est l'absence totale de l'éclairage public. Dès que la nuit tombe, le silence règne et gare à celui qui s'aventure à faire un tour à Haraten. A M'kaseb, pas loin du camp équin, on ne parle plus d'agression mais de meurtre. Il y a quelques jours, un jeune de 28 ans, en voiture, a emprunté la route parallèle à celle de M'kaseb, il a été surpris par une bande de voyous armés jusqu'aux dents. Ayant affaire à un groupe composé de plus de 10 personnes, la victime n'a même pas pu se défendre. Elle a été tuée de plusieurs coups de sabre et de couteau. Les auteurs du crime ont tous été arrêtés par la police dans les jours qui ont suivi. La région de Laâkabi n'est pas en reste. Là aussi, on parle souvent d'agressions à l'arme blanche et de banditisme. Ainsi, nous avons eu à constater que les auteurs des vols enregistrés à village Moussa, Casino et à l'intérieur du port de Boudis viennent généralement des hauteurs de la région de Laâkabi. Ne reculant devant rien, ces jeunes sont prêts à tout pour un cellulaire qui ne dépasse pas 2000 DA. La semaine écoulée, un médecin a été agressé dans son domicile à Laâkabi par un groupe d'individus munis d'armes blanches. La victime a été transportée à l'hôpital de Jijel où elle a été sauvée. Cette situation qui se développe à vue d'œil ne cesse d'inquiéter les habitants d'une petite ville connue pour sa tranquillité. Tous les Jijéliens ne parlent que des crimes macabres et des actes barbares enregistrés ces derniers temps. La peur s'est apparemment installée dans la ville et a commencé à détruire progressivement les rouages qui assuraient naguère la sérénité et la quiétude dans la société. Saou Mouloud Jamal 11-10-2011 23:52