Mohamed Gaceb, membre du conseil d'administration du MC Alger, revient dans cet entretien sur la dernière réunion du conseil d'administration qui a eu pour ordre du jour la proposition des investisseurs italiens. Il explique les contours du projet et critique ceux qui veulent le saboter. Liberté : M. Gaceb, vous avez assisté récemment à la dernière réunion du conseil d'administration du MCA. Est-ce une réunion ordinaire comme toutes les autres ? M. Gaceb : C'est effectivement une réunion ordinaire, puisque déjà programmée par le président du conseil d'administration, mais qui avait un ordre du jour particulier, à savoir l'étude d'une proposition d'un investisseur algéro-italien dans la perspective d'une reprise du club. Une proposition formulée par le biais d'un membre du conseil d'administration, à savoir M. Sid Ali Aouef. Ce dernier avait au préalable effectué des démarches pour dénicher un éventuel repreneur pour le MCA, déjà largement en butte à une crise financière aiguë. Il faut noter aussi que l'ensemble des membres du conseil d'administration étaient présents à cette réunion, nous sommes je pense une dizaine, ce qui dénote justement de l'importance de l'ordre du jour. Comment se sont donc déroulés les débats autour de cette question ? Les débats lors de cette réunion ont connu deux phases essentielles. La première durant laquelle nous avons écouté un exposé du projet de la société mixte algéro-italienne. Nous avions en fait en face de nous trois représentants, tous de nationalité algérienne. Ouvrons ici juste une parenthèse pour préciser que cette société est conforme au droit algérien détenue à hauteur de 51% par les Algériens et 49% par les Italiens. Elle est spécialisée dans le bâtiment et les travaux publics. Il s'agit donc, comme le savez tous, de la société Edill Pelicano. Je pense qu'il faut tout de go remercier les dirigeants de cette société d'avoir manifesté leur intérêt pour le MCA. Durant leur exposé, nos interlocuteurs ont tenu à produire tous les documents nécessaires, et il y en a un qui a particulièrement attiré mon attention, c'est celui ayant trait à une lettre d'engagement du PDG en personne d'Edill Pelicano. Cette lettre stipule que si les deux parties parviennent à un accord, la société s'engage à débloquer dans les plus brefs délais la somme de 3 millions d'euros pour permettre au club de faire face aux dépenses immédiates. C'est dire leur bonne foi. Ils ont également fait une présentation du projet qu'ils comptent réaliser au MCA. Ce projet est scindé, selon eux, en deux volets : le premier, sportif, consiste à mettre tous les moyens en œuvre pour remettre le MCA à sa véritable place et lui permettre de jouer les premiers rôles dans les compétitions nationales. Cet objectif passe par le renforcement qualitatif de l'équipe par des joueurs de talent et par un encadrement technique de haut niveau. Dans le cadre du projet sportif, les responsables d'Edill Pelicano veulent construire dans les meilleurs délais, soit dès la réception de l'assiette de terrain, un centre de formation propre au MCA. Il faut dire que le fait que cette société soit déjà présente comme actionnaire dans le club italien de la Regina et qu'elle possède des centres de formation où pas moins de 500 jeunes sont formés lui confère une certaine expérience dans le domaine. Pour ce qui du projet sportif, la société envisage de former des jeunes footballeurs algériens ici en Algérie et tenter d'en exporter en Europe, notamment en Italie. Mais on parle d'un apport de 10 millions d'euros de cette société et non pas seulement de 3 millions… Oui, tout à fait, mais il faut comprendre que cet apport global, soit 10 millions d'euros, c'est-à-dire environ 100 milliards de centimes algériens, est échelonné sur cinq ans dont l'apport initial est de 3 millions d'euros. La loi sur le professionnalisme lui accorde ce droit du reste en Algérie. La SSPA MCA née l'année dernière accumule déjà un certain nombre de dettes. Est-ce que les Italiens ont effectivement promis de régler cette question ? Franchement, je ne peux pas entrer dans les détails de cette question, pour la simple raison que, concernant ce volet, c'est surtout M. Aouef qui a négocié avec eux. En revanche, ce que je sais, c'est que la société Edill Pelicano est tout à fait consciente des dettes de la SSPA MCA. Les Italiens ont dit qu'ils vont se débrouiller pour effacer au fur et à mesure cette dette. Ils ont précisé que le remboursement de cette dette ne se fera pas avec les 10 millions d'euros promis, mais avec d'autres ressources financières qu'ils comptent générer au MCA. Alors, non seulement la société Edill Pelicano investit la somme de 10 millions d'euros au MCA, mais elle compte aussi effacer la dette du club. Cependant je voudrais préciser certaines choses. Allez-y… Il faut que l'opinion publique du MCA comprenne que l'arrivée d'un investisseur étranger dans un club ne se fait pas du jour au lendemain ou d'un coup de baguette magique. Cela demande un peu de temps, le temps que la procédure s'accomplisse sur le terrain. Cela peut prendre une semaine, deux ou un mois, mais l'essentiel c'est que les choses se fassent dans les normes et conformément encore une fois à la législation algérienne. Il faut donc que les supporters du MCA se montrent compréhensifs et patients afin que cette opération soit menée à bon port. Le choix d'introniser M. Sid Ali Aouef à la tête du conseil d'administration du MCA n'est donc pas fortuit… Oui, comme c'est lui qui est derrière l'arrivée de cette investisseur et comme nous voulons montrer notre disposition à travailler avec lui, nous avons décidé à l'unanimité de désigner M. Sid Ali Aouef à la tête de la SSPA pour faciliter la procédure. De toutes les façons, la société Edill Pelicano ambitionne de devenir actionnaire majoritaire au MCA à hauteur de 66%, elle aura donc la liberté de désigner celui qu'elle veut à la tête du MCA. M. Gaceb, pourtant des voix se sont élevées ces derniers temps pour tenter de discréditer cette démarche, en soutenant que c'est là une nouvelle trouvaille du conseil d'administration pour tenter de gagner du temps. Qu'en pensez-vous ? Vous savez, avant même la fin des débats au cours de cette réunion, je suis intervenu pour dire que nous avons là une belle opportunité de doter le MCA d'un cadre pour redorer son blason. J'avais dit qu'il ne fallait chercher à diaboliser cette société pour tenter de la discréditer auprès des supporters afin de les amener à s'impatienter. Aujourd'hui, je constate que mes appréhensions se sont avérées justes, puisque j'entends çà et là des gens malintentionnés qui posent des questions pas du tout innocentes, du genre d'où vient cette entreprise ? Comment se fait-il qu'avec un capital de 100 millions, elle veut investir 10 millions d'euros au MCA ? Ces gens font sciemment une confusion sur le plan financier entre le montant du capital et le montant de l'investissement. Or, il y a une différence. Par exemple, le capital de Sonatrach ne représente rien par rapport au montant des investissements de la société pétrolière. Une année après la société SSPA MCA, pensez-vous que le Mouloudia soit un club pro ? Je suis désolé, mais au sein du Mouloudia le professionnalisme ne s'applique qu'en matière salariale. Du point de vue gestion, administration et finance, c'est toujours l'amateurisme. Aujourd'hui, le MCA a un budget dépense de l'ordre de 30 milliards, dont 22 milliards rien que pour la masse salariale annuelle. Or, le MCA a juste des sponsors qui lui procurent quelque chose comme 10 milliards. Vous faites un calcul simple et vous vous retrouvez avec une dette annuelle de 20 milliards. Alors, quand vous avez un investisseur qui vous promet plus de 30 milliards d'un coup, cela vous donne l'occasion d'avoir de l'argent frais pour toute une saison. La moindre des choses, c'est de laisser la procédure se faire et d'éviter de susciter une suspicion qui peut faire fuir les repreneurs. C'est l'attitude qu'il faut adopter quand on se dit amoureux du Mouloudia et fervent défenseur de ses intérêts. Maintenant, si d'autres gens ont des solutions mieux que ces Italiens alors nous serons heureux de connaître leur projet. Récemment, le président du CSA, M. Amrous, a accusé la direction de la SSPA MCA d'avoir utilisé l'argent débloqué par le MJS pour acheter un bus pour les jeunes catégories et pour payer les joueurs. Un commentaire ? Je suis certes membre du conseil d'administration du club, mais je ne fais pas partie du comité de gestion, alors, désolé, je ne suis pas au courant de cette affaire. De toutes les façons, cela fait bien longtemps que je ne me sens plus concerné par ce comité de gestion. Que pensez-vous de ceux qui disent que M. Marif est derrière l'arrivée des investisseurs italiens au MCA ? Ce qui compte pour moi, c'est le projet en lui-même, car pour moi seul l'intérêt du MCA compte. Maintenant pour répondre à votre question, M. Aouef nous a assurés que M. Marif n'a rien à voir avec cette démarche avec Edill Pelicano Quels sont vos rapports avec M. Ghrib, dont on dit qu'il est le faiseur de la pluie et du beau temps au MCA ? Des rapports normaux, mais nos idées ne convergent pas. Chacun a sa façon de réfléchir, de voir les choses. Vous savez, la nature à horreur du vide, et si le Mouloudia est arrivé à ce stade de déliquescence, c'est justement en raison de la gestion en solo de certains. Moi je suis plutôt adepte d'une gestion consensuelle. Quel est pour vous l'avenir du conseil d'administration actuel avec l'arrivée du repreneur italien ? Pour moi, c'est clair : M. Aouef en sa qualité de président du conseil d'administration doit dissoudre ce conseil afin de permettre la constitution d'un nouveau. La société Edill Pelicano aura ses 7 membres et le CSA MCA, propriétaire du capital de la SSPA MCA pourra désigner trois membres selon la formule 70% - 30%. Dès lors, on aura réglé le problème de légitimité et de crédibilité du conseil d'administration. C'est la proposition que j'ai officiellement formulée lors du dernier conseil d'administration, et je prends à témoin l'opinion publique mouloudéenne de cette situation. S. L. bluenote2paris 20-10-2011 23:56