Des compagnons de lutte et d'autres moudjahidine de la Wilaya III ainsi que de nombreux enfants de chouhada ont effectué le déplacement à Draâ El-Mizan pour rendre hommage à ces deux martyrs. Il y a cinquante-deux ans, jour pour jour, deux martyrs bien connus en Kabylie, Ali Bennour et Oukil Ramdane, avaient été exécutés froidement par l'armée française tout près de Maâmar, un village situé près de Draâ El-Mizan, plus précisément au lieu-dit Ighzer n'Souk, et ce, après avoir été torturés durant trois jours. D'ailleurs, c'est à cet endroit précis qu'une stèle avait été érigée à leur mémoire. Comme chaque année, un vibrant hommage leur a été rendu hier. Des moudjahidine de la Wilaya III ont effectué le déplacement, dont de nombreux enfants de chouhada de toute la région de Draâ El-Mizan et de Tadmaït, notamment les proches des chouhada Ali Bennour, Ali Mellah et Krim Belkacem, sans oublier leurs compagnons de lutte. On citera Zahzouh Mohamed, Amar Aouryache, Ali Ihaddadène et bien d'autres. Une gerbe de fleurs a été déposée au piédestal de la stèle. De nombreux intervenants convergèrent vers le fait que le chahid Ali Bennour avait été trahi par ceux qui étaient en charge du refuge d'Ighil El-Bir. Selon des témoignages, le commandant Ali Bennour ne divulgua à ses tortionnaires aucun secret au sujet de l'organisation. Il refusa toutes les offres qui lui avaient été faites par ses tortionnaires. Sa seule réponse fut de voir son pays indépendant. Tous ceux qui l'ont connu ont évoqué son parcours héroïque et exemplaire, notamment son sens du respect pour ses compagnons de lutte. Il était connu sous le nom de Ali Mouh n'Aâli. Ali Bennour, digne fils de Tadmaït, la commune aux mille martyrs, est né le 10 mai 1927 à Ighil Yahia Ouali. Tout comme les jeunes de son âge, il commença son parcours aux côtés du noyau de son village, tels Drif Saïd, Mezaguer Saïd et bien d'autres en adhérant au PPA puis au MTLD. Sa première action consista à animer une campagne politique contre les élections de 1947. Il eut des relations étroites notamment avec Oudni Omar dit Si Moh Nachid, avec lequel il avait un lien de parenté, mais aussi avec Krim Belkacem, Ouamrane, Cherchar Amar, Bouahouane, Rabah Moh n'Ahmed et bien d'autres. Dans la nuit du 31 octobre 1954, il participa à des actes de sabotage dont l'incendie de la Tabacoop et l'unité de liège et bois de Tadmaït. Dès le déclenchement de la guerre de libération nationale, il devint caporal. Ali Bennour et ses compagnons donnèrent du fil à retordre à l'armée française sur l'axe Tadmaït-Naciria. Promu capitaine, il occupa le poste de commandant de la Zone 4 allant de Aïn El-Hammam jusqu'aux Issers, après la mort d'Aghri Mohamed Saïd Ouzeffoun, et participa à de nombreuses batailles héroïques dans la région de Draâ El-Mizan en 1958 et Bounouh. “Ali Bennour était en visite d'inspection dans une infirmerie installée à Ighil El-Bir où il y avait des blessés pris en charge par l'infirmier Oukil Ramdane”, dira un ancien moudjahid. “A vrai dire, c'était pour les transférer en Tunisie, car il fallait démanteler cette unité en raison de la situation devenue difficile après la bataille du 6 janvier”, continua-t-il. Et d'enchaîner : “Il faut dire qu'il a été vendu. C'est là qu'il a été arrêté avec l'infirmier Oukil Ramdane et les autres, dont huit sont encore en vie.” Ali Bennour et Oukil Ramdane avaient été transférés à la caserne de Draâ El-Mizan où ils avaient été torturés à mort le 18 octobre 1959. Leur mort avait été annoncée dans toute la région le 21 octobre 1959. Une page ne suffirait pas pour écrire l'histoire de ce valeureux chahid qui fut lui-même fils de chahid, tout en ayant aussi perdu deux autres frères, le sergent-chef Bennour Rezki et le sergent Bennour Rabah, tous deux tombés au champ d'honneur en 1959. En tout cas, l'histoire de cet illustre combattant est écrite en lettres d'or dans la région de Draâ El-Mizan et de Tadmaït, sa région natale. O. Ghilès azerf.dizerfan 24-10-2011 02:24