Le camp de la paix en Israël est sorti un peu revigoré par l'ampleur du rassemblement, samedi soir à Tel-Aviv, pour le huitième anniversaire de l'assassinat du Premier ministre Yitzhak Rabin et par la dimension très politique qu'a pris cette commémoration. Plus de 100 000 manifestants se sont retrouvés sur la place qui porte le nom de l'un des architectes de l'accord d'Oslo et prix Nobel de la paix abattu le 4 novembre 1995 par un extrémiste de droite juif, pour affirmer leur volonté de continuer dans la voie de la paix. “C'est le plus grand rassemblement de ce type depuis cinq ans”, a constaté, hier à la radio militaire, la fille du défunt Chef de gouvernement, Dalia Rabin-Philosof, qui avait proclamé à la tribune la nécessité de “reprendre le flambeau” de son père. “Je veux croire qu'il y a là un réveil du camp de la paix, car il est évident que la situation en Israël devient de plus en plus insupportable”, a-t-elle ajouté. De nombreuses pancartes ont été brandies avec des slogans de soutien à “l'initiative de Genève”, le plan de paix non officiel élaboré par des personnalités palestiniennes et israéliennes et catégoriquement rejeté par le gouvernement de droite d'Ariel Sharon. Toutefois, à la tribune, les orateurs n'ont pas évoqué cette initiative, lancée en Israël par un ancien dirigeant travailliste, Yossi Beilin, en froid avec le parti de Yitzhak Rabin. D'autres slogans exigeaient un retrait des territoires palestiniens occupés ou encore la démission du Premier ministre. Certains manifestants proclamaient même sur des banderoles leur soutien aux réservistes qui refusent de servir dans les territoires occupés. Ces réservistes ont été toutefois désavoués hier par Mme Rabin Philosof qui a rappelé que son père, ancien chef d'état-major, avait toujours été opposé à l'insoumission. À la tribune, le chef du parti travailliste, Shimon Peres, avait appelé Israël à négocier sans plus tarder avec le Premier ministre palestinien Ahmad Qoreï (Abou Alaa) auquel il a rendu un vibrant hommage. “Bien entendu, c'est un patriote palestinien et non un patriote israélien, mais dans l'intérêt de son peuple, il est opposé au terrorisme. Nous avons en lui un véritable partenaire”, a ajouté M. Peres, rappelant que le nouveau Premier ministre palestinien avait été l'un des architectes des accords d'Oslo. Les manifestants avaient répondu à des appels du parti travailliste, du parti de gauche Meretz et du mouvement La Paix Maintenant, opposé à l'occupation des territoires palestiniens. La commémoration à laquelle participaient de nombreux artistes a pris un relief particulier suite à la profanation dans la nuit de jeudi à vendredi du monument érigé sur la place à la mémoire du défunt, par des militants présumés d'extrême-droite.