Le ministère marocain de l'Intérieur a confirmé dimanche la large victoire des islamistes du Parti de la justice et du développement (PJD) qui va diriger le gouvernement pour la première fois de l'histoire du Maroc. Le PJD obtient ainsi 107 des 395 sièges à la Chambre des représentants. Le parti Istiqlal obtient 60 sièges, suivi par le Rassemblement national des indépendants (RNI) avec 52 sièges, le Parti authenticité et modernité (PAM) avec 47 sièges, l'Union socialiste des forces populaires (USFP) avec 39 sièges, le Mouvement populaire (MP) avec 32 sièges, l'Union constitutionnelle (UC) avec 23 sièges et le Parti du progrès et du socialisme (PPS) avec 18 sièges. Enfin, dix autres formations politiques obtiennent chacune entre un et quatre représentants, selon les chiffres définitifs du ministère de l'Intérieur. Aussitôt après l'annonce des résultats officiels, le secrétaire du PJD, Abdelilah Benkirane, n'a pas manqué de réitérer son allégeance au roi Mohammed VI. D'après le leader islamiste, rien ne se fera sans le souverain : “le roi est le chef de l'Etat et aucune décision importante ne peut être prise en Conseil des ministres sans la volonté du roi”, a-t-il assuré, lors d'une conférence de presse tenue au siège de son parti à Rabat. “On va attendre la nomination d'un chef de gouvernement pour commencer les concertations avec les autres partis politiques”, a-t-il ajouté. “Abdelilah Benkirane (le secrétaire général du PJD) pourrait être reçu aujourd'hui au Palais pour être officiellement nommé”, a déclaré hier Lahcen Daoudi, le président du groupe parlementaire sortant du PJD et l'un de ses dirigeants. Il faut dire que les tractations pour la composition d'un gouvernement de coalition n'ont pas attendu la décision du monarque. On sait déjà qu'aucune alliance ne sera contractée avec le G8 emmené par Salah-Eddine Mezouar du RNI. Et pour cause ! Les deux parties se vouent aux gémonies et se promettent une farouche opposition. De plus, le PJD est dans l'obligation de négocier avec l'Istiqlal qui, lui, ne veut pas lâcher ses fidèles compagnons de la Koutla notamment l'USFP et le PPS. Le PJD doit intégrer toutes ces données, sans compter la contestation du Mouvement du 20 février qui a repris de plus belle dimanche dans plusieurs villes du royaume où des milliers de manifestants ont défilé dans les rues pour contester les chiffres officiels de participation aux élections. Last but not least, aussitôt élu, le PJD a eu droit également dimanche à sa première manifestation d'opposition féministe. Une marche a été ainsi organisée par le collectif femmes qui avancent à Rabat sur le boulevard Mohammed-V afin de dénoncer l'avènement d'un parti islamiste au pouvoir au Maroc. Aux cris de “El Aâïlettes jayet, en-nissa kadimat !”, Benkirane jure, lui, la main sur le cœur et le sourire en coin, que s'il venait à être nommé au gouvernement, il ne déciderait pas de la taille des jupes des filles (sic). S'il est vrai que dans son programme électoral, le PJD affiche surtout des ambitions économiques, les questions liées aux libertés individuelles restent néanmoins posées. Mohamed-Chérif Lachichi