Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH), estime que c'est la presse nationale qui noircit la situation des droits de l'Homme en Algérie. Pour lui, elle ne s'intéresse pas aux différents chantiers réalisés comme la réconciliation nationale, laquelle avait apporté ses fruits, avait-il insisté. En énumérant ce qu'il appelle les chantiers réussis dans la promotion des droits de l'Homme, Me Ksentini exige de la presse d'être un autre relais d'informations à un pouvoir préoccupé par son image. Me Ksentini, faut-il le souligner, s'est rétracté, hier matin, sur les ondes de la chaîne III, en annonçant que son propos ne visait en aucun cas la presse. La sortie de Farouk Ksentini et son attaque contre la presse ne sont pas nouvelles. Les déclarations de Ksentini, même si elles s'inscrivent en porte-à-faux avec les différentes déclarations du ministre de la Communication, concernant le rôle des médias, notamment publics, dans l'information, informent, on ne peut plus clairement, sur une arrière-pensée politique. En rapportant les différentes atteintes aux droits de l'Homme, la presse devient ainsi coupable, aux yeux de Me Ksentini, du crime d'informer les citoyens sur cette situation. Encore une fois, la presse, cet éternel bouc émissaire, est dans le viseur des autorités politiques, qui, à travers le nouveau code de l'information, prévoient, par ailleurs, plus de restrictions à la liberté d'expression. D'autres responsables, bien avant Ksentini, ont pris pour cible cette même presse. Lors des deux premiers mandats du président Bouteflika, la presse était devenue l'abcès de fixation des autorités politiques. Elle était qualifiée de tous les noms d'oiseaux. La sortie de Farouk Ksentini augure-t-elle d'une nouvelle situation plus restrictive pour la presse ? Tout porte à le croire, lorsque l'on sait que le nouveau code de l'information, tel que présenté par le ministre de tutelle à la chambre basse du parlement, vise à museler davantage une corporation déjà soumise à la pénalisation du délit de presse, à la rétention de l'information… Le rôle de la presse est d'informer. L'information qu'elle distille à travers ses colonnes ne doit en aucun cas être soumise à un quelconque pouvoir, qu'il soit politique ou autre. Le rôle primordial d'une presse est d'accompagner les citoyens dans leur quête du bien-être social, politique, économique…, loin de toute pression, sauf celle qu'exige la profession. M. M.