Résumé : Feriel apprend la terrible nouvelle : Nazim n'a plus de visage. Il sera condamné à vivre avec un visage mutilé, lui qui était si beau… Elle avait encore du mal à croire qu'il y a quelques jours seulement, ils discutaient encore de leur projet… Son égoïsme et son entêtement l'avaient empêché d'accepter les conditions de Nazim. Quel autre homme sensé aurait fait la même chose ? Nazim était le garçon unique et le premier responsable de sa famille. Depuis qu'il a terminé ses études supérieures, il a pris la vie à bras-le-corps. Il n'avait cessé de lui répéter que sa mère s'était sacrifiée pour lui et ses sœurs sa vie durant, afin de leur permettre de faire des études et d'assurer leur avenir. Ses deux sœurs avaient arrêté leurs études au cycle secondaire et enseignaient toutes les deux dans une école primaire. Mais lui avait été plus tenace. Il avait grimpé tous les échelons pour décrocher son diplôme universitaire. La fierté de la famille, c'est lui. Enfin… c'était, se dit Feriel en essuyant ses larmes. - à quoi pensez-vous mademoiselle ? Elle sursaute. Le docteur Nabil était toujours à ses côtés, alors qu'elle s'était laissé emporter par ses méditations. - Oh, rien de spécial… Je me disais qu'avec cet accident, tous nos projets sont compromis. Le médecin lui met une main sur les épaules : - Je comprends votre état d'âme, mais si vous aimez Nazim, rien ne compromettra vos projets. Elle lève des yeux larmoyants vers lui avant de dire : - Même dans ce cas… Même si je consens à l'épouser et à faire ma vie avec lui, Nazim refusera. Il pensera que je le fais par pitié. - C'est à vous de lui faire sentir que rien n'a changé entre vous. - Je le conçois, mais… acceptera-t-il ? - Je vous suggère d'essayer tout de même. Après tout, vous êtes l'être le plus proche de lui pour le moment… Il pourra se confier à vous. - Mais il a sa famille… Sa mère, ses sœurs… - Je sais. Elles sont déjà venues demander de ses nouvelles. - Vous leur avez tout dit ? - Bien sûr. Pourquoi leur cacher une réalité qui leur sautera bientôt aux yeux ? - Et… comment ont-elles réagi ? - Heu… Bien sûr, elles n'ont pas sauté de joie, mais elles préfèrent tout de même le savoir vivant… Sa mère semble assez forte de caractère pour supporter cette épreuve. On voit que c'est une femme habituée à l'endurance. Feriel hoche la tête. Nazim était si fier de sa mère et elle le comprenait maintenant. Elle était de ce genre de femmes que rien ne faisait fléchir. - C'est déjà une bonne chose pour lui… - Oui, docteur. Nazim aura besoin d'un soutien moral permanent. Il aimerait se sentir entouré des siens. Le docteur lui jette un regard curieux : - Vous êtes avec eux vous aussi n'est-ce pas ? Elle hoche la tête d'un air triste : - Oh ! Je ne sais quoi vous dire. Nazim ne sera peut-être plus le même une fois sorti de la torpeur où vous l'avez plongé. Elle se dirige vers la porte et ajoute : - Je vais quitter cet hôpital au plus tard demain dans la matinée… Je vous reverrai avant de partir. Sans lui laisser le temps de répondre, elle quitte les lieux. Feriel revint dans sa chambre l'esprit embrouillé et l'âme en peine. Nazim ne méritait pas ce qui lui arrive… Et elle aussi ne mériterait pas de vivre avec un homme sans visage. Cette fois-ci ses parents seront très fermes avec elle. Elle le savait. Ils feront tout pour l'éloigner de lui. (À suivre) Y. H.