À la grande surprise, le parti de Abdelmadjid Menasra, le Front national pour le changement, n'avait pas obtenu son quitus pour tenir son congrès constitutif. Officiellement, le ministère de l'intérieur a émis des réserves sur le dossier administratif présenté par la formation de Menasra. Mais, dans les coulisses, on a laissé entendre que le parti comprendrait, en son sein d'anciens militants de l'ex-FIS. Contacté par nos soins, Abdelmadjid Menasra ne répond pas au téléphone. Cependant, un des membres fondateurs, ayant requis l'anonymat, a bien voulu nous entretenir sur le sujet. Pour lui, “il y a quelques retouches et quelques observations qui seront prises en charge aujourd'hui (hier, ndlr)”. Parmi les griefs retenus par l'administration contre le parti de Menasra figure son appellation qui, selon ce service, ressemblerait beaucoup à celle du FLN, lorsqu'on la prononce en arabe. Notre interlocuteur ne dira pas comment son parti va s'y prendre. Il reconnaîtra, toutefois, que la liste des membres fondateurs, présentée par son parti, contenait quelques problèmes, dans la mesure où les fiches de police de certains membres comprennent quelques réserves. Ils seraient huit membres dans ce cas dont le député dissident du MSP qui avait frappé un policier à l'aéroport international d'Alger. Mais notre interlocuteur est formel : “Notre liste ne comprend aucun ancien membre du FIS. C'est inconcevable qu'on le fasse. On connaît la loi.” Il dira que la liste des membres fondateurs devait être revue hier et que les choses allaient rentrer dans l'ordre. Mais, du côté du FNC, on se demande si l'on doit résoudre ce problème au ministère de l'intérieur ou au niveau des sûretés de wilaya qui ont émis des réserves sur certains membres fondateurs du parti. Le parti ne compte pas baisser les bras et espère dépasser ce malentendu bureaucratique pour se consacrer à la préparation de son congrès constitutif et, surtout, à l'élection législative. Il y a lieu de rappeler que le parti de Menasra compte nouer des alliances avec les formations islamistes et mise grandement sur le courant salafiste et l'Association des ulémas en vue de rassembler le maximum de forces, tout en excluant le MSP et le nouveau parti de Djaballah, ses deux principaux concurrents, de cette alliance. Le parti, fondé essentiellement par des dissidents du MSP, veut jouer la carte de l'opposition et du rassemblement du courant islamiste, à l'ère des révolutions arabes. Mais parviendra-t-il à convaincre la nébuleuse islamiste de faire front commun derrière lui ? Parviendra-t-il à réduire l'audience des Soltani et Djaballah ? Et, surtout, parviendra-t-il, à jeter les bases d'un puissant front, à deux mois seulement des législatives ? Réponse en mai prochain. A B