Désigné comme émissaire des Nations unies et de la Ligue arabe sur la Syrie, la veille de la conférence internationale sur la Syrie qui s'est tenue vendredi à Tunis, Kofi Annan ne pourra pas faire grand-chose. L'ancien SG général de l'ONU, septuagénaire et prix Nobel de la paix (2001), a beau aligné ses 35 ans dans l'organisation du monde dont il fut le patron de 1997 à 2006, son expérience et son carnet d'adresses, il ne pourra rien, absolument rien, tant que Moscou et Pékin veillent sur Bachar Al-Assad au Conseil de sécurité. Alliés du régime de Bachar Al-Assad, les deux pays continuent de rejeter toute ingérence en Syrie et ont refusé de participer à la conférence de Tunis, après avoir bloqué deux résolutions à l'ONU condamnant la répression en Syrie. L'ex-diplomate ghanéen sacré “meilleur secrétaire général dans l'histoire de l'ONU” en 2001, n'a pas eu la main heureuse par la suite : son second mandat avait été terni par le scandale du programme pétrole contre nourriture en Irak en 2005 et par des cas de corruption au sein de l'administration onusienne. Après son départ de l'ONU fin 2006, ses tentatives pour s'entremettre dans divers dossiers complexes, Kenya, Côte d'Ivoire ou réchauffement climatique, ont connu des fortunes diverses. En Côte d'Ivoire, le groupe de sages dit des Elders (anciens) auquel il appartient, avec le Sud-Africain Desmond Tutu, l'Américain Jimmy Carter et l'Algérien Lakhdar Brahimi, avait échoué à convaincre Laurent Gbagbo de respecter le verdict des urnes, il a fallu l'intervention militaire de la France ! En 2007, Kofi Annan avait fondé à Genève où il s'est installé, le “Forum humanitaire mondial”, qui ambitionnait de mobiliser gouvernements et grandes entreprises pour gérer les conséquences du changement climatique. Croulant sous les dettes, son Forum a fermé ses portes trois ans plus tard. Dans la crise syrienne, il devra, selon l'intitulé de sa mission, “offrir ses bons offices afin de mettre un terme à toutes violences et violations des droits de l'homme, et à promouvoir une solution pacifique à la crise”. La tâche est ardue et compliquée d'abord par la position russo-chinoise puis et situation aggravante, il devra composer avec une opposition syrienne, certes, divisée mais unanime pour rejeter tout dialogue avec le régime de Damas. D. B.