L'instruction écrite et transmise aux directeurs des établissements contient également une promesse ferme de permanisation des vacataires embauchés pendant la grève. C'est officiel : les enseignants grévistes ne seront pas suspendus de leur fonction. C'est le ministère de l'éducation qui en a décidé ainsi, hier. Dans une instruction écrite adressée aux directeurs des établissements d'enseignement secondaire et technique, le département de Boubakeur Benbouzid explique : “Le ministère de l'éducation nationale décide, dans l'objectif d'un retour à la normale de la scolarité des élèves, de procéder à la levée des sanctions administratives contre les enseignants grévistes”. Ainsi, l'exécutif, qui a décidé en conseil de gouvernement du 24 novembre dernier d'utiliser la méthode forte en recourant à la suspension puis à la radiation des PES qui n'auront pas repris les cours pour les dissuader de poursuivre la grève, vient de faire marche arrière. Autrement dit, les quelque 250 enseignants du cycle secondaire, répartis sur l'ensemble du territoire national, officiellement radiés la semaine dernière du corps enseignant, peuvent rejoindre normalement leurs établissements scolaires respectifs. C'est ce qui a été d'ailleurs constaté, hier, dans les faits, à travers l'ensemble des lycées au niveau national où les enseignants radiés ont repris les cours à l'exception de deux enseignants grévistes. Il s'agit de M. Mériane, coordinateur national du conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) de la wilaya de Tizi Ouzou et de M. Nouar, un membre du bureau national de ce syndicat à Constantine. Ces deux enseignants ont été empêchés, en effet, par les directeurs de leur établissement respectif de rejoindre leur classe. L'annulation des sanctions contre les enseignants grévistes ne concerne pas, par ailleurs, les poursuites judiciaires intentées contre ces derniers par la tutelle. L'instruction du ministère de l'éducation n'en fait même pas état. Toujours est-il, le procès de 22 enseignants grévistes, membres du conseil des lycées d'Alger (CLA) convoqué par la justice pour, entre autres, chefs d'inculpation “attroupement et rassemblement illégal” devant le lycée Hassiba-Ben-Bouali, en septembre dernier, est prévu pour demain au tribunal d'Hussein Dey. Qu'en est-il, en outre, des vacataires ayant remplacé les enseignants initialement démis de leurs fonctions ? Le ministère de l'éducation, à travers son instruction, les rassurent en leur promettant de les permaniser. “Il est demandé aux enseignants remplaçants, ayant effectivement travaillé, d'être rassurés sur le fait que leur recrutement est définitif et qu'il sera procédé à la régularisation de leur situation dans les plus brefs délais”, lit-on dans la note parvenue hier. Le nombre des enseignants vacataires ayant consenti à remplacer leurs pairs grévistes limogés n'est pas officiellement connu. Sollicité, hier, par nos soins pour des précisions à ce sujet, le secrétaire général du ministère de l'éducation, en l'occurrence M. Nedjari, a refusé de s'exprimer sur le sujet à la presse. Mais selon des sources proches de l'académie d'Alger, le nombre d'enseignants vacataires est de 200. Une autre sanction a été également levée, hier, par le ministère de l'éducation : il s'agit de l'annulation des ponctions sur salaire touchant le mois de décembre en cours. N. M. Les élèves du lycée Amirouche au bureau de Liberté de Tizi Ouzou “Nous exigeons la réintégration de notre professeur !” De nombreux élèves du lycée Amirouche de Tizi Ouzou se sont joints, hier matin, au bureau Liberté de Tizi Ouzou, à leur professeur de français, M. Meziane Mériane, qui avait été empêché par l'administration de reprendre son travail. Autour de nombreux journalistes qui entouraient le coordinateur national du Cnapest et voulaient en savoir davantage sur le fait qu'il venait d'être interdit de cours au lycée Amirouche, plusieurs de ses élèves qui ont fait irruption dans les locaux de liberté pour exprimer leur soutien et surtout leur admiration à leur professeur, visiblement très touché par de telles marques de solidarité et surtout de respect. “Nous avions cours avec lui à 9h et nous l'attendions avec impatience, mais nous avons été choqués qu'il soit interdit de cours”, diront les élèves. “Aussitôt, nous avons fait le tour de tous les bureaux de presse de Tizi Ouzou pour lui apporter notre soutien et surtout notre fidélité, car nous avons besoin de M. Mériane qui a toujours été un professeur exemplaire. Comme nous exigeons qu'on nous restitue tous nos professeurs habituels. Nous avons perdu assez de temps”, ajouteront les élèves du lycée Amirouche. M. HOCINE