Beaucoup d'élèves, de parents d'élèves et d'enseignants sont venus, hier, soutenir les professeurs qui allaient être jugés au tribunal d'Hussein Dey dont le périmètre a été bouclé par la police. Le procès des 22 enseignants, prévu hier au tribunal d'Hussein Dey, a été reporté pour le 18 février prochain, a-t-on appris, hier, auprès des avocats de la défense et du secrétaire général du Conseil des lycées d'Alger (CLA), M. Redouane Osmane. Ce report, expliquent les mêmes sources, a été motivé par l'absence de près des trois quarts des prévenus qui n'auraient pas reçu leurs convocations. “Les pouvoirs publics réactivent la répression contre les leaders du mouvement de contestation. Cette punition sélective vise à intimider les enseignants et à les confiner dans le cercle de l'indignité et de la honte. Nous rappelons que nous sommes toujours ouverts au dialogue. Pour nous, la balle est dans le camp du gouvernement”, affirme M. Osmane. Hier, aux alentours du Palais de justice, dans la salle d'audience ou encore dans celle des pas perdus du tribunal, la foule était fort nombreuse, venue soutenir les 22 enseignants. Qu'ils soient avocats, près d'une centaine, lycéens, parents d'élèves, tous sont venus dire non à ce qu'ils qualifient d'injustice. “C'est la première fois qu'on désobéit à nos parents et à nos professeurs. Ils nous ont interdits de venir au tribunal au motif que nous pouvions provoquer une certaine tension, mais nous ne pouvions pas rester au lycée sans rien faire. Nous exprimons notre soutien et notre gratitude, à travers ce rassemblement, à nos enseignants qui ont donné le meilleur d'eux-mêmes jour et nuit durant les années précédentes”, affirme l'un des élèves de classe terminale du lycée Ibn El-Haytham (Ruisseau). “Dites à Benbouzid que si nos enseignants ne sont pas acquittés, nous ferons grève. Ni les tribunaux ni les éléments de la sûreté nationale ne nous font peur”, ajoutent en chœur d'autres élèves. De leur côté, les enseignants n'ont pas exclu également de recourir à un autre débrayage si les poursuites et les sanctions ne sont pas levées. “Comme nous avons suspendu le mouvement de protestation, nous pouvons le reprendre. De toutes les façons, la reprise de la grève et les suites à donner à cette affaire feront l'objet d'un débat lors du rassemblement prévu demain au siège du Cnes”, affirme, sur un ton de fermeté, un professeur. À titre de rappel, les 22 enseignants ont été inculpés, en septembre dernier, lors de la correction de l'examen du baccalauréat “d'attroupement illégal”. Coïncidant avec la célébration du 55e anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'Homme, la journée d'hier a été consacrée, par ailleurs, à la protestation au niveau des divers paliers de l'enseignement. N. A.