Fanfaraï reprend des standards de la musique maghrébine (raï, kabyle, chaâbi, gnaoua), en leur donnant un nouveau souffle, avec une nouvelle orchestration, principalement avec des instruments à percussion et des cuivres. Fanfaraï, une formation atypique qui revisite le répertoire maghrébin, et surtout algérien (entre le traditionnel et le plus ou moins moderne) avec des cuivres et des percussions, s'est chargée d'animer, avant-hier, la première partie de la soirée d'ouverture de la cinquième édition du Festival culturel international du diwane d'Alger, qui s'étalera jusqu'au 14 juillet prochain au théâtre de verdure Saïd-Mekbel de Riadh El-Feth. Pour leur première prestation en Algérie, ils ont invité la charmante et puissante voix, Samira Brahmia. Une talentueuse artiste qui, munie de sa guitare, a inauguré ce festival, en interprétant, en solo, des morceaux extraits de son album, Naïliya, comme Fabuleux destin et Jdoudna, et d'autres issus du répertoire de Youcef Boukella, notamment Ya Siadi et Rassoul Allah. Samira Brahmia a chauffé les spectateurs du théâtre de verdure présents timidement, et ouvert la voie à Fanfaraï, une fanfare-orchestre, qui reprend des standards de la musique maghrébine (raï, chaâbi, gnaoua), en leur donnant un nouveau souffle, avec une nouvelle orchestration, principalement avec des instruments à percussion et des cuivres. La musique de Fanfaraï est également dans les couleurs du jazz, de la salsa, de la rumba. Lors d'une rencontre avec la presse, organisée quelques heures avant le show sur le site du festival, Samir Inal, leader et un des percussionnistes du groupe (derbouka), a fait remarquer que l'objectif du groupe est “d'ouvrir une nouvelle écoute au public maghrébin, de faire pénétrer notre musique par le jazz ou la salsa, et de représenter la musique algérienne." Sur scène, les dix musiciens, qui jouent sur des instruments à percussion et des cuivres que nous connaissions déjà, comme le trombone, la batterie, les crotales, le saxophone (ténor et soprano), la trompette, la conga, et d'autres qu'il est très rare de voir sur une scène, comme le soubassophone ont repris, avec Samira Brahmia, le célèbre morceau, Chahlet Laâyani. Elle reprendra avec eux, pour le final, la chanson, Ya Zina, du groupe Raïna Raï. Mais auparavant, Fanfaraï interpréteront Zerga ou Mesrara (qui nous rappelle l'orchestration de Raba, Raba, version cheb Khaled), Chtah Ettaoues, Wida nzor (sur un rythme alaoui), Hmama, Men Sabni enkoun, Djat chta, Zwit Rwit(d'Idir), et Zina Hlima (notamment interprétée par cheb Khaled et Mami). La prouesse de cette formation a été de reprendre une Touchiya Zidane, sans avoir recours à des instruments à cordes. S'ils nous font parfois penser à l'Orchestre national de Barbès (ONB), notamment par leur nombre important et leurs tenues de scène, cette idée est vite évacuée car les Fanfaraï sont dans une démarche totalement différente. L'originalité de ce projet musical est d'ouvrir les cuivres – des instruments emblématiques de la musique occidentale – à de nouvelles pulsations, maghrébine en l'occurrence. Les instruments traditionnels à percussion (crotales, derbouka, conga) se marient aussi d'une très belle manière aux cuivres. Les sonorités salsa et autres donnent un côté festif à la musique de ce groupe, créé en 2005. Les morceaux interprétés sur scène figurent sur l'album, Raï cuivré, qui sortira bientôt en Algérie chez Belda Diffusion. Fanfaraï prépare déjà son deuxième disque, qui gardera le même esprit de fanfare mais qui sera émaillé par des compositions. “Pour notre prochain album, il y aura des compositions et quelques reprises. Ce sera notamment des titres traditionnels du répertoire des Gnawa, par exemple Ya Rassoul Allah", signalera M. Inal. En deuxième partie de soirée, le maître de la kora, Ba Cissoko, a assuré le show. Sacrée soirée ! Très riche et surtout très ouverte sur les diverses expériences musicales d'aujourd'hui. S K