Le MPLA du président José Eduardo dos Santos, chef de l'état depuis bientôt trente-trois ans, est sans surprise arrivé largement en tête des législatives de vendredi en Angola, selon des premiers résultats partiels rendus publics samedi par la commission nationale électorale. Le MPLA a remporté 74% des suffrages selon ces résultats partiels concernant 68% des votants, contre près de 18% à l'Unita, son rival historique, et 4,6% au nouveau parti d'opposition Casa. L'opposition a parallèlement annoncé qu'elle rassemblait des preuves de fraudes qui auraient été commises lors du scrutin de vendredi. "L'Unita se prépare à présenter des documents montrant que les résultats diffusés par la commission nationale électorale ne sont pas identiques à ceux relevés par les scrutateurs dans les bureaux de vote", a indiqué le principal parti d'opposition angolais sur son site internet. "Le parti Casa s'apprête à faire la même chose et à contester les élections", a ajouté l'Unita. Pour de nombreux observateurs, José Eduardo dos Santos doit la longévité de son pouvoir aux hydrocarbures dont regorge l'Angola. Désillusionnés par le scrutin général de vendredi, ses détracteurs lui prédisent maintenant une fin de trajectoire à la Ben Ali, Moubarak et Kadhafi, chassés par leurs jeunesses en colère et des populations exaspérées. Une option pas très probable pour deux raisons. D'une part, le pétrole reste la carotte d'un régime certes populiste mais alimenté aussi par la corruption généralisée. L'or noir, 56% du PIB et 90% des recettes de l'état, est extrait de gisements offshore contrôlés à 41% par la société nationale Sonangol. Les recettes pétrolières s'évaporent à grande échelle. Selon l'organisation Human Rights Watch (HRW), le FMI aurait repéré un gigantesque trou de 32 milliards de dollars entre 2007 et 2010, soit 25% du PNB. D'autre part, l'opposition n'arrive toujours pas à émerger, bien sûr face à un dispositif dissuasif propre à tout pouvoir autoritaire mais aussi à ses propres divisions. Cette opposition a eu beau rassembler des milliers de manifestants dans les rues de Luanda, la capitale, elle reste très faible. Le nouveau parti d'opposition Casa, fondé en avril par Abel Chivukuvuku, un ancien baron de l'Unita, le rival historique du MPLA de Dos Santos, n'a pas changé vraiment la donne. Cette formation, qui regroupe les dissidents de tout bord, devrait, au mieux, récolter pas plus de 20% des voix, faute d'une assise politique suffisante à travers le pays. Dos Santos reste donc solidement accroché au pouvoir, la Constitution modifiée par ses soins en 2010, lui ayant réservé la possibilité de rempiler encore une fois pour un mandat de cinq ans, en 2017, après sa réélection le 31 août. Historique du MPLA, Dos Santos avait succédé à Agostinho Neto, le père de l'indépendance, mort en 1979. D. B.