Issad Rebrab, PDG du groupe Cevital, premier groupe privé algérien : “Il y a un problème de liberté d'entreprendre" Au cours du débat, Issad Rebrab, le PDG du groupe Cevital, premier groupe privé algérien, est intervenu pour proposer comme remède au problème de financement des projets d'entreprises de production de libérer la création de banques publiques ou privées. “Je voudrais poser deux questions aux intervenants : est-ce que vous pensez réellement qu'il y a un manque d'entrepreneurs en Algérie ? Est-ce que vous pensez qu'il y a un manque de projets industriels. En fait, deux problèmes principaux se posent, le problème de la liberté d'entreprise, de la liberté d'entreprendre. Si on avait libéré la création de banques publiques ou privées, s'il y avait suffisamment de banques en Algérie, il n'y aurait pas de problème de financement des projets des entreprises." Rachid Sekak, économiste : “Rendre l'acte d'investissement plus attractif" “L'amélioration de la relation banque entreprise passe d'abord par la reconstruction d'un tissu productif compétitif. Ceci suppose la mise en œuvre par les pouvoirs publics d'une politique d'offre au service des entreprises et de leur compétitivité. En un mot, pour que les entreprises et les banques participent plus activement au développement de l'économie locale, il conviendra de rendre l'acte d'investissement plus attractif que l'acte de commerce, la réduction des effets “d'aubaine" associés au commerce extérieur sont indispensables pour assurer la promotion d'une production locale en substitution des importations. Je ne vois pas d'autres alternatives pour assurer l'après pétrole". Lies Kerrar, DG d'Humilis : Développer le marché boursier Sur notre système bancaire, il y a un objectif qu'on a atteint et dont on peut être satisfaits, c'est qu'aujourd'hui l'Algérien n'a pas peur de déposer son argent à la banque. Par contre, l'autre rôle de transformation de dépôts en crédits, on n'en est pas encore arrivé. Il y a 40% de dépôts qui ne sont pas transformés en crédits. Leur côté qu'il ne faut pas oublier est que si on travaille seulement sur le secteur bancaire pour financer l'entreprise, on travaille seulement sur la moitié de l'équation. Au niveau mondial et dans tous les pays du monde, la proportion crédits bancaires et capitalisation boursière c'est de l'ordre de 60/40. Donc si on travaille seulement sur ce côté-là et on oublie de mettre des efforts pour développer le capital investissement de notre bourse, on travaille sur la moitié de l'équation. Abderrezak Trabelsi, Délégué Général de L'ABEF : “Il faut qu'on assainisse le processus d'investissement La réforme du système bancaire a porté ses fruits et aujourd'hui nous avons un système bancaire solide qui a beaucoup évolué à la fois d'un point de vue institutionnel avec un réseau beaucoup plus important mais aussi avec des produits beaucoup plus variés pour répondre à la demande des investisseurs. Donc le problème n'est absolument pas sur ce plan-là. Les financements sont de plus en plus importants. La croissance du crédit dans notre pays est cinq fois plus importante que la croissance du PIB. Donc la question n'est pas là non plus. La question est sur un point en particulier. C'est que les banques, autant elles ont de la visibilité pour pouvoir financer l'exploitation des entreprises et les opérations de commerce extérieur parce que les choses sont maitrisées, autant elles ont des inquiétudes à financer l'investissement, et pour plusieurs raisons. La première est que l'environnement du processus d'investissement dans notre pays est extrêmement défavorable. En termes claires, il est plus facile pour une entreprise d'importer que d'investir. La répercussion sur les banques est que si l'entrepreneur rencontre des obstacles et des difficultés, cela veut dire que nous n'avons plus de maîtrise sur les processus d'investissement, et cela veut dire que le montage financier qui sera fait va être un montage extrêmement risqué. Et c'est ce qui se produit le plus souvent. Une part importante des crédits non performants que l'entrepreneur n'arrive pas à rembourser n'est pas due à un risque marché ou à une faiblesse de la rentabilité mais à une non gestion du processus par l'entrepreneur. Si on veut que l'investissement redémarre, et il faut qu'il redémarre, il faut qu'on assainisse le processus d'investissement. Il faut qu'on lève les obstacles. Et que l'investissement ne soit plus un parcours du combattant pour l'entreprise. Et qu'à partir de là la banque ait une visibilité sur les projets. La banque sait évaluer les projets, mais elle ne maîtrise pas les obstacles que rencontre l'entrepreneur. Naif Mokretar Karroubi, banquier à ADIB : “Il y a trop de problèmes d'accès au financement" Il y a trop de problèmes d'accès au financement. C'est tout un système. On ne peut pas prendre juste les garanties et dire que c'est juste des garanties, donc permettons aux entreprises de donner plus de garanties et les banques vont les financer. On ne peut pas juste prendre le risque de change et dire que quand on importe il y a un risque de change, donc il faut des instruments de couverture pour couvrir le risque sinon cela va revenir trop cher si l'euro s'apprécie. On ne peut pas prendre juste les PME et dire qu'il faut mettre en place des mécanismes d'encouragement des PME. C'est un tout lié. Si on néglige un élément de la chaîne cela ne fonctionnera pas. Ce qu'on a fait jusqu'à aujourd'hui : à chaque fois on prend un élément et on essaye de l'arranger en négligeant tous les autres. Cela crée un cadre où il y a des disparités et des incohérences.