Le 6 novembre les Américains diront qui les a convaincus Les deux candidats, démocrate et républicain, à l'investiture à la tête des Etats-Unis, dont le scrutin est fixé au 6 novembre prochain, ont consacré leur dernier débat - avant le sprint final - à la politique étrangère US. Barack Obama, très offensif, a présenté lundi soir son adversaire républicain Mitt Romney comme incompétent et indécis en politique étrangère lors de leur dernier débat à 15 jours d'une élection présidentielle américaine très ouverte. "A chaque fois que vous avez exprimé une opinion, vous avez eu tort" , a lancé le président sortant lors d'un face-à-face vif, parfois tendu, au cours duquel il n'a pas lâché son adversaire des yeux. "Vous avez dit que nous aurions dû aller en Irak bien qu'il n'y ait pas d'armes de destruction massive. Vous avez dit que nous devrions toujours avoir des soldats en Irak" , a ajouté M.Obama, qui vante lors de sa campagne sa promesse tenue d'un retrait de ce pays fin 2011. Cette stratégie offensive de M.Obama semble avoir payé, à en croire des sondages instantanés. Pour 53% des personnes "indécises" interrogées par CBS, le président est sorti vainqueur de l'affrontement (23% à M.Romney). L'institut PPP a relevé 52% en faveur de M.Obama, également chez les indécis (42% au républicain), tandis que les électeurs sondés par CNN donnaient une légère avance au sortant (48%-40%). Toutefois, selon Christopher Arterton, spécialiste de politique à l'université George-Washington, M.Romney "a été capable de montrer qu'il n'était pas le conservateur dangereux et déchaîné qu'Obama essayait de dépeindre" . Cette image pourrait l'aider "particulièrement dans les Etats qu'il doit gagner, la Floride et l'Ohio" . Souvent, les deux candidats ont trouvé des points d'accord comme lorsqu'ils se sont érigés en défenseurs d'Israël et ont mis en garde l'Iran au sujet de son programme nucléaire. L'Europe n'a en revanche jamais été abordée, et l'Afrique à peine, lors de ce débat de 90 minutes. "En tombant d'accord (avec Obama) sur des points importants de politique étrangère, Romney a joué le prudence ce soir et a essayé de déplacer la conversation vers des sujets économiques sur lesquels il pense être plus fort" , a estimé Dotty Lynch, professeur de communication à l'American University (Washington DC). MM.Obama et Romney sont au coude-à-coude dans la plupart des sondages nationaux même si le dirigeant sortant conserve une avance dans plusieurs Etats où M.Romney doit triompher s'il veut espérer s'installer à la Maison Blanche. Cette avance s'est toutefois réduite ces derniers jours, augurant d'une fin de campagne acharnée. M.Obama a accusé son adversaire de vouloir "importer les politiques des années 1980", en rappelant que M.Romney avait qualifié la Russie de plus grand ennemi des Etats-Unis. Il l'a aussi mis en cause pour ses changements de position sur l'Afghanistan. Le président a en outre mis les rieurs de son côté en répliquant aux reproches de M.Romney sur la baisse du nombre de bâtiments de la marine. Les Etats-Unis ont aussi "moins de chevaux et de baïonettes" , s'est-il écrié pour illustrer l'évolution des priorités militaires. De son côté, M.Romney a émis des doutes sur la stratégie de M.Obama. "Je le félicite pour avoir éliminé Oussama ben Laden et avoir combattu la direction d'Al-Qaïda. Mais ce n'est pas seulement en tuant qu'on s'en sortira" , a-t-il affirmé. Il a aussi repris sa diatribe sur la "faiblesse" de M.Obama à l'étranger, en particulier face à l'Iran. "Nous devons soutenir nos alliés. Je pense que les tensions entre Israël et les Etats-Unis sont très regrettables" , a-t-il lancé. "Tant que je serai président, l'Iran n'aura pas l'arme nucléaire" , a répliqué M.Obama, en assurant aussi que si Israël était attaqué, les Etats-Unis seraient à ses côtés. ́ ́Les Etats-Unis ont vu leur commandant en chef, et quelqu'un qui n'est pas prêt à être commandant en chef ́ ́, a commenté après le débat le directeur de la campagne de M.Obama, Jim Messina. Les républicains ont pour leur part assuré que la soirée avait renforcé la stature présidentielle de leur champion. Marco Rubio, sénateur de Floride, a accusé M. Obama d'être ́ ́apparu petit et mesquin, en particulier sur de grands dossiers.