Dans cette perspective, et si la situation n'évolue pas dans le sens du respect des fondements de la démocratie, il ne serait même pas utile d'aller à la présidentielle. Les parodies et les mascarades ne font plus recette en 2004. La décision d'invalider le VIIIe congrès du FLN, de geler ses activités ainsi que ses avoirs est tombée, hier matin, comme un couperet qui a mis en ébullition toute la classe politique. Celle-ci, à l'exception du RND et du MSP, voit là l'exemple le plus parfait de l'instrumentalisation de la justice. Ce verdict de la chambre administrative de la cour d'Alger n'est rien d'autre qu'un habillage grossier d'une volonté politique qui consiste à éliminer un concurrent sérieux dans la course à la magistrature suprême. En somme, c'est la loi du plus fort qui a prévalu. En mettant ainsi hors course une tendance issue d'un congrès des plus légitimes et en privilégiant une aile qui s'est rassemblée sur le tard sous le nom de “redresseurs”, le pouvoir vient de signifier, et avec éclat s'il vous plaît, sa préférence, qu'il est aisé de deviner. Cependant, ce qui est déplorable, c'est que la justice soit convoquée pour donner à ce pronunciamiento, une couverture légale. En tout état de cause, il ouvre la voie à toutes les dissidences et à toutes les dérives, en mettant le jeu et les règles démocratiques en péril et le pays sur une poudrière. Il est vrai que personne ne peut dénier aux militants d'un parti le droit de contester la ligne politique de sa direction, comme il est tout aussi vrai que l'affrontement entre les deux courants est totalement différent. Celui-ci n'est que le produit des luttes d'appareils et de clans au sommet de l'Etat. Ainsi, aujourd'hui, et en apparence de prime abord, le rapport de force au niveau des cercles de décision est en faveur des “redresseurs”, lesquels portent haut et fort la candidature de Bouteflika pour un second mandat. Et dans cette projection et au regard de l'enchaînement des événements le succès est garanti. Sachant que les autres partis du pouvoir ou ceux gravitant dans son giron ne peuvent qu'applaudir à ce dénouement, il ne reste que l'opposition démocratique dans ce face-à-face inégal avec un ou des adversaires qui disposent de tous les leviers pour imposer un Président. Dans cette perspective, et si la situation n'évolue pas dans le sens du respect des fondements de la démocratie, il ne serait même pas utile d'aller à la présidentielle. Les parodies et les mascarades ne font plus recette en 2004. Après ces conjectures et ces spéculations, il reste à connaître la réaction et les actions du parti de Benflis et surtout l'état d'esprit des militants qui y activent. Ces derniers vont-ils poursuivre leur combat ou abdiquer sous le couvert d'une réconciliation de la famille révolutionnaire ? Les deux hypothèses demeurent valables jusqu'au prochain rebondissement. A. O.