Depuis 1998, Pierre Yves Lambert analyse les scrutins électoraux et anime un blog en Belgique sur les votes des émigrés (http://suffrage-universel.be) . Depuis 2006, ce partisan du droit de vote et d'éligibilité des résidents étrangers au niveau municipal, archive également les tracts, photos et affiches dans «htpp:// tractothèque.blogspot.be». Approchant la cinquantaine, il se déclare très hostile aux « hypocrites qui prétendent militer pour les droits des Palestiniens mais pas ceux des Sahraouis, des Kurdes ou des Tibétains ». Récemment, il a épinglé une dépêche qualifiée « d'incendiaire » diffusée mercredi 6 mars par l'agence de presse belge . Le texte de l'agence Belga traitait de la condamnation d'un individu par le tribunal correctionnel de Bruges à une peine de quatre mois de prison ferme pour avoir déchiré un exemplaire du Coran devant un groupe de musulmans. La dépêche relatait que le 8 juin dernier le prévenu , qui avait participé à une petite manifestation à Ostende, s'était rendu « après la manifestation dans un café où il a échangé des mots avec une dizaine de musulmans. Devant leurs yeux Arne S. a déchiré un exemplaire du Coran. » Pierre-Yves Lambert rapporte lui, d'autres faits : ce soir-là, le parti d'extrême –droite « Vlaams Belang » organisait une protestation contre l'ouverture d'une troisième mosquée dans cette ville portuaire et des personnalités comme le député populiste Filip Dewinter étaient attendues pour lancer une alerte contre « l'islamisation » de cette localité. Pierre-Yves Lambert note qu'en fin de compte il n'y eut que soixante manifestants « dont au moins un a poursuivi la soirée dans un café, « où il a échangé des mots avec une dizaine de musulmans ». Selon les dires du prévenu, les musulmans lui ont lancé le livre sacré à la tête, ce qui a provoqué son geste et Pierre-Yves Lambert d'ajouter , non sans ironie, que « Chacun sait en effet que le lancer de Coran est une discipline sportive particulièrement appréciée par les musulmans... » avant d'observer « au passage qu'à Ostende les fachos et les musulmans fréquentent les mêmes cafés, ce qui serait difficilement imaginable à Anvers ou à Bruxelles ». Pierre-Yves Lambert observe également que la version néerlandaise du texte a gommé la manifestation à laquelle venait de participer le prévenu en indiquant « Etrangement, aucune précision sur cette « petite manifestation » à laquelle il venait de participer, un détail sans importance pour Belga » . Dès lors, pour Pierre-Yves Lambert , l'Agence Belga « incite à l'islamophobie par une dépêche incomplète et biaisée » et bien vite, la Toile s'empare du problème. Philippe De Camps, le « Chief News » de l'agence de presse belge se décide donc à réagir : il remercie Pierre-Yves Lambert d'avoir attiré l'attention sur cette dépêche en remarquant néanmoins que sur base « de ce texte, crier haut et fort, dans ce mail mais surtout sur les réseaux sociaux et sur un blog , que l'Agence Belga incite à l'islamophobie est sans doute un biais bien plus grand que celui qu'a pu induire une dépêche, il est vrai incomplète ». Car, pour Philippe De Camps , il manquait des éléments importants : la dépêche aurait dû revenir sur cette manifestation car « soit elle n'était pas significative et n'avait donc pas sa place dans cette dépêche, soit elle était significative et son contenu et déroulement devaient donc être précisés ». D'autre part, ce texte ne donne comme explication de l'acte qui a consisté à déchirer le Coran que « celle avancée par l'accusé qui retourne la faute vers d'autres, dans ce cas les quelques musulmans présents dans l'établissement. Il convenait donc d'ajouter, si possible quelques éléments de défense par rapport à cette accusation ». Enfin, souligne toujours le « Chief News » de Belga, il manque à y bien regarder un dernier élément important, « à savoir ce pour quoi cet homme a été condamné. On ne condamne pas en Belgique pour « déchirement du Coran » mais bien pour « incitation à la haine raciale ou religieuse . Ce qui signifie que cet individu a probablement été jugé pour ce geste avec un Coran , mais aussi pour le reste de son comportement dans cet établissement ». Et Philippe Camps de conclure que « cela nous permet de tous nous rappeler à l'ordre, du correspondant qui a bâclé son travail, à la rédaction en chef qui se doit de rappeler encore et encore aux équipes les critères de qualité auxquels il nous faut répondre pour assurer notre fiabilité et notre crédibilité ». A.M