Alors que le médiateur des Nations Unies Lakhdar Brahimi rencontre ce lundi les ministres des Affaires étrangères des 27 à Bruxelles , de plus en plus de voix s'élèvent contre l'enrôlement d'Européens en Syrie. L'inquiétude est d'autant plus perceptible que l'organe « Eurojust » - qui regroupe à La Haye 27 procureurs de l'Union européenne et coordonne les échanges d'informations à ce propos entre les divers Etats de l'Union- estime à plusieurs centaines le nombre d'Européens partis se battre aux côtés des rebelles syriens. Tout récemment, le député libéral belge Denis Ducarme est monté au créneau : il exige de la ministre belge de la Justice la publication d' un arrêté royal visant à interdire aux ressortissants du royaume d'aller se battre en Syrie. Jeudi dernier , au cours d'un interview diffusée par la radio privée flamande VRT, Michèle Coninsx, la magistrate belge qui préside Eurojust, a avancé le chiffre de "quelques dizaines de jeunes Flamands" originaires d'Anvers, de Malines et de Vilvorde,la participation de jeunes dans les zones de combat en Syrie mais le phénomène serait même plus important. Le quotidien « La Libre Belgique » chiffre , de son côté, à 70 le nombre de Belges qui se battraient ainsi en Syrie actuellement. Ce nombre n'est toutefois pas confirmé par la Sûreté qui tente de circonscrire ce phénomène fluctuant mais les services belges de renseignement se montrent inquiets face à l'attraction que peut susciter l'écho du djihadisme en Syrie auprès des jeunes ainsi que des conséquences de cette participation lorsqu'ils reviendront en Europe. Ces jeunes, après avoir reçu une formation militaire , pourraient en effet recevoir par des groupes comme AlQaeda, la mission de commettre des attentats avec la facilité de se fondre dans la société de leur pays d'origine car ils ne portent pas la barbe , sont vêtus comme des occidentaux ou boivent même de l'alcool... Un comportement qui " a pour but de passer inaperçu et de s'intégrer à la société qu'ils entendent attaquer" comme l'a indiqué le 8 février le ministère espagnol de l'Intérieur après l'arrestation d'un Marocain de 22 ans, Mohamed Echaabi, présenté comme un "terroriste présumé". Quoi qu'il en soit cette participation de jeunes européens en Syrie semble probable même si la Syrie n'est pas l'Afghanistan dans la mesure où il n'y a pas dans ce pays des forces occidentales contre lesquelles se battent des islamistes comme c'est le cas en Afghanistan. D'autre part, les pays européens restent en retrait par rapport à ce conflit. Certains de ces jeunes sont néanmoins des recruteurs de l'islam radical comme ce fut le cas du Tunisien Moez Garsallaoui dont la mort par un drone américain, en octobre 2012 au Pakistan , est désormais confirmée par le renseignement belge. Moez Garsallaoui, qui avait vécu en Belgique, est en effet considéré comme le mentor de Mohamed Merah, ce gamin de la banlieue de Toulousaine devenu tueur en série après un séjour au Pakistan et en Afghanistan. D'autres jeunes répondent aux appels désespérés qui proviennent d'une Syrie déchirée où l'on dénombre déjà , selon l'ONU, 70 000 victimes ; C'est la cas de Ayachi, le fils du Cheikh Bassam de Bruxelles qui vit actuellement en Syrie et dirige une brigade d'assaut de 600 hommes contre le régime du président Assad au sein des « Faucons du Sham ». Un homme fort courtisé par les barbouzes français et américains pour libérer des otages étrangers retenus dans la région... A.M