Youcef Bourezg dit Laghouati, auteur compositeur, est connu dans la région de Laghouat (400 km au sud d'Alger) par son remarquable parcours de luthiste au sein de la glorieuse troupe de musique Thouraya. Une troupe fondée en 1943 sur l'initiative de son ex-président et chef d'orchestre feu si l'Hadj Djoudi Mabrouk, luthier et luthiste, en collaboration avec une poignée de jeunes artistes de l'époque. Fatigué, à l'aube de ses 68 ans, Youcef Laghouati, ne quitte pratiquement pas la placette du quartier Ahmed-Chatta, où il réside. L'artiste n'est pas allée de main morte pour dénoncer l'état de déliquescence des droits d'auteur dans notre pays. Il a brossé un tableau sans complaisance. En effet, étant l'auteur de plusieurs chansons de malhoun et de centaines de poèmes, et en fin connaisseur du milieu artistique et culturel, Youcef Laghouati, qualifie la situation des artistes de “bourbier". Ainsi, le luthiste n'a pas épargné les éditeurs, les radios, la télévision et les disquaires. Il considère que l'art musical en Algérie est devenu une vraie “bouillabaisse" où les droits d'auteur sont transgressés. Illustrant son raisonnement, il a pointé un doigt accusateur sur “cette génération de perroquets tortionnaires" de la chanson originale, qui rechantent les œuvres de maitres et qui n'en finissent pas de “hacher" les paroles et même les compositions musicales sous le couvert d'un soi-disant “arrangement". Et de leurs reprocher la faiblesse de créer leur propre produit et de l'arranger à leur goût. Notre interlocuteur considère que, par ricochet, le patrimoine immatériel national continue à souffrir énormément du phénomène du plagiat qui continue de prendre d'énormes proportions. Ce qui dénature notre culture ancestrale. Du coup, une panoplie de “cheb" accaparent ces œuvres toutes prêtes, pour en tirer les dividendes au détriment de son “pauvre propriétaire". Un drame qui nécessite l'activation par l'Onda, des organes de contrôle à tous les niveaux, notamment des éditeurs, de la radiodiffusion et de la télévision. De nos jours, selon Youcef Laghouati, le titre de l'œuvre diffusée, les noms de son auteur et compositeur ainsi que son minutage, ont disparu de la feuille de route habituellement établie pour chaque émission des studios de diffusion. Pis encore, même l'annonce du titre de la chanson, de son auteur, son compositeur et du chanteur, disparaissent souvent de la bouche des animateurs de radio. Sur le plan commercial, le luthiste déplore que les discothèques des radios soient inondées d'enregistrements dépourvus de normes techniques du fait que le produit est souvent récupéré à titre gracieux çà et là sans identité d'origine. En sus du piratage et de la falsification d'œuvres artistiques, s'ajoute une nouvelle vague de “pseudo-chanteurs" qui récoltent un vers par-ci, un mot par-là pour rassembler le tout sous l'appellation “d'album", défigurant ainsi les qacidates patrimoniales. Par ailleurs, notre interlocuteur n'a pas manqué de saluer la vision sur la protection des biens et des personnes, qui semblent être partagée par la Gendarmerie nationale, la Sûreté nationale et l'Office national des droits d'auteur et droits voisins, puisque des accords ont été signés, pour lutter contre le piratage. B A Nom Adresse email