Acculés par les Etats-Unis et rattrapés par le terrorisme islamiste, les Al-Saoud promettent des réformes. Elles ne seront ni radicales ni même en corrélation avec les standards internationaux élémentaires. La famille régnante ne peut, en effet, balayer d'un revers de main le wahhabisme qui fonde sa légitimité et qui reste sa raison d'être. Sinon, les Al-Saoud devraient se résoudre à mettre la clef sous le paillasson. L'irruption du terrorisme a révélé qu'ils ne sont plus en odeur de sainteté dans leur propre société qui, paradoxalement, conteste leur pouvoir au nom de l'islamisme radical prôné par le wahhabisme. Le terrorisme s'est révélé beaucoup plus profond que les réseaux mis à jour et neutralisés. Ses réseaux courent sur toute l'Arabie Saoudite, y compris à l'intérieur des villes saintes de La Mecque et de Médine. Les Saoudiens lambdas abhorrent le régime pour ses frasques jugées contraires à la morale islamique mais aussi — et surtout — pour s'être transformé en carpette devant l'Occident à qui rien n'a été refusé. Face à ce bouillonnement et à cette fronde, les Al-Saoud envisagent d'avancer dans le processus de changement. Ce sera chose faite, mais après le dialogue qui aurait été entamé depuis décembre dernier. Le prince héritier, Abdallah, en a fait l'annonce, mais sans donner de détails ni sur le contenu des réformes ni même sur les personnes qui participent à cette réflexion. Ce qui est tout de même inédit en Arabie Saoudite. Le futur successeur du roi Fahd a, par contre, bien mis en exergue le strict respect de la charia qui fait office de Constitution dans le pays. Ce n'est pas demain que les Al-Saoud abandonneront leur wahhabisme. Autant dire que les changements ne concerneront que des aspects formels. Ce qui ne satisfera ni les milieux conservateurs pour qui le wahhabisme est un tout inaliénable, ni les libéraux, des éléments des classes moyennes supérieures auxquels recourt la famille royale pour la gestion de son patrimoine et des services publics stratégiques. Pour ces derniers, formés généralement en Occident, le temps est venu pour l'Arabie Saoudite de ne plus se contenter de la modernité matérielle et consumériste. Ils réclament des réformes en profondeur et la promulgation d'une Constitution. Le pouvoir ne permettra à personne d'entraver le processus de réformes, par l'appel à l'immobilisme et à la stagnation, ou par l'appel à l'aventure irréfléchie, a averti Abdallah. Au mieux, l'Arabie Saoudite ressemblerait au Koweït voisin. D. B.