Une fausse information sur la fin d'un programme social a provoqué un vent de panique au Brésil. Selon la Police Fédérale, la rumeur qui a poussé en fin de semaine dernière des milliers de personnes à retirer de l'argent en masse des distributeurs avait pour origine une centrale de télémarketing de Rio de Janeiro. La police tente de découvrir qui a payé ce service, et dans quel but. Les premiers retraits ayant eu lieu le samedi 18 avril dans les Etats les plus pauvres du Brésil. Des messages vocaux distribués à 200 bénéficiaires de cette aide annonçaient la fin du programme social Bolsa Familia. Bolsa Familia (bourse de la famille), le programme phare des gouvernements Lula et Dilma, a pour finalité de réduire l'extrême pauvreté en conditionnant l'aide aux familles à des obligations d'éducation. Cette aide touche environ 13 millions de familles sur tout le territoire brésilien. La police qui détient une copie de ce message tente de découvrir qui a payé les services de télémarketing, et si de ce fait il existe un groupe qui aurait des intérêts politico-électoraux. Ce sont près de 900 mille personnes qui se sont précipitées dans les agences de la banque publique Caixa Economiqua Federal pour retirer 152 millions de réais (environ 55 millions d'euros), un préjudice dont ont commence à peine à mesurer les conséquences. Cette rumeur qualifiée de « criminelle et inhumaine » par la Présidente Dilma avait, selon ses alliés, pour objectif de déstabiliser le gouvernement. Sa popularité, qui reste très élevée parmi les classes défavorisées, ne pouvait être atteinte par d'autres moyens. Pour discréditer la politique sociale du gouvernement, il fallait avoir recours à une vieille méthode, la désinformation. Un ministre est même allé jusqu'à dénoncer les auteurs de cette machination diabolique : l'opposition de droite. Cette rumeur n'aurait pas été diffusée par le bouche-à-oreille, mais par un outil de communication moderne utilisé par tous les partis politiques, y compris ceux du gouvernement. Les indices étaient probants et le coupable désigné. Vous qui lisez ces lignes et moi qui les écris aurions dû croire à cette version. La chronique aurait pu s'arrêter là. Or, la Police Fédérale, qui avait jeté la suspicion sur l'opposition, est revenue sur ses déclarations. Le numéro qui était censé propager la rumeur n'existe pas. La thèse qui incrimine la centrale de télémarketing de Rio est peu à peu abandonnée. Une autre ligne d'investigation est ouverte. Mais alors, qui sont les coupables ? Le manque de communication ou, au pire, l'incompétence. Le journal O Globo a détaillé dans son édition du 28 mai 2013, le processus qui a conduit à cette rumeur. La Caixa Economiqua aurait décidé d'anticiper le calendrier des paiements de la Bolsa Familia, sans en aviser la hiérarchie. C'est du moins ce qu'affirme le président de la banque publique. Le service opérationnel de l'institution financière avait intentionnellement avancé le paiement, sans en informer la direction, ni le gouvernement. Soit le 17 mai, date qui coïncide avec la propagation de la rumeur. Cette décision technique avait pour but d'éviter à 692 mille bénéficiaires qui apparaissaient en double dans la base de donnée informatique, de se heurter à un refus le jour du versement. Le département qui chapeaute ces opérations n'a pas jugé utile d'en informer les allocataires, car selon les statistiques 70% des bénéficiaires retirent leur argent à la fin du mois et les autres ont 90 jours pour le faire. La Police Fédérale arrivera logiquement à cette conclusion : La rumeur est née d'un manque d'information. Cette histoire à multiples tiroirs peut avoir une forte résonnance en Algérie, pays qui a souvent été l'objet de toutes les rumeurs, en particulier ces derniers jours. Le principal enseignement à tirer de l'affaire « Bolsa Familia » est que les coupables ne sont pas toujours ceux à qui profite le crime. M C [email protected] NB : "Arroz com feijão" (riz et haricots noirs) est le nom donné à un plat typique du Brésil. Consommé à tous les repas et à toutes les tables, ce plat traditionnel est un élément incontournable de la culture Nom Adresse email