L'annonce a été faite jeudi dernier par le ministre de l'Intérieur. La France s'inquiète de plus en plus des menaces terroristes d'Al-Qaïda. Depuis plus d'une semaine, les responsables politiques ne cessent de monter au créneau pour montrer du doigt le danger qui plane sur l'Hexagone. Dernière mise en garde en date, celle du ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie. Dimanche dernier, sur France Inter, elle affirmait que les menaces terroristes sont “élevées” parce que la France est “un pays cible”. Au cours de la même journée, devant les militants de droite, réunis pour le congrès de l'UMP, le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, propose “l'unité de la France face au terrorisme”. Ces déclarations viennent en écho aux propos tenus par le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, qui affirmait, il y a une dizaine de jours, que “la menace existait et était prise au sérieux”. Ces sorties médiatiques coïncident avec un événement qui donne du crédit aux craintes et aux appréhensions de Paris : l'arrestation à Londres de trois ressortissants maghrébins soupçonnés de préparer un attentat au gaz dans le métro londonien. L'affaire révélée par le Sunday Time fait du bruit tant en Angleterre qu'en France. Les trois hommes, Rabah Chekat-Baïs, Rabah Kadris et Karim Kadouri, ont été inculpés pour détention d'“objets” destinés à la “préparation” d'actes de terreur. Le groupe, lié directement à Al-Qaïda, projetait de répandre un gaz à base de cyanure dans le métro à l'heure de pointe. Le coup de filet londonien prouve que les terroristes sont actifs, prêts à lancer des attaques avec des armes chimiques et bactériologiques. Conséquence : différents pays ont déjà pris des dispositions pour parer à d'éventuels attentats. En Allemagne, 100 millions de vaccins contre la variole sont d'ores et déjà disponibles. Le ministère français de la Santé en fait de même en constituant des stocks du même vaccin. Dans son édition du lundi 18 novembre, Le Parisien révèle que les autorités françaises ont réalisé fin octobre 2002 un exercice de simulation d'un attentat d'une bombe sale dans un cinéma ou l'épandage d'un gaz toxique sur un stade. Autre mesure prise par Paris : la surveillance étroite d'un certain nombre de mosquées dans les banlieues parisiennes, à Lille et à Lyon. Le quotidien publie la liste de 16 lieux de culte qualifiés par le ministère de l'Intérieur de “sensibles”. Etroitement surveillées par la police, ces mosquées seraient contrôlées, selon les services de renseignements, par la “mouvance salafiste qui prône la guerre sainte”. Un haut fonctionnaire des RG expliquait au Parisien qu'ils ont “décidé de travailler sur les milieux islamistes radicaux dès cette époque (1995,ndlr). Des policiers arabisants ont été envoyés en première ligne. Nous avons recruté des informateurs dans les mosquées et les associations religieuses”. La semaine dernière, l'imam de la mosquée de Puteaux, en banlieue parisienne, a été interpellé par la police, accusé d'avoir toléré dans la salle de prières des jeunes salafistes. Cette interpellation se veut donc un avertissement pour ceux qui seraient tentés de transformer les mosquées en tribunes politiques ou en officines pour le recrutement d'éventuels terroristes. Prévention et action Depuis quelques jours, la surveillance policière a été également renforcée dans les métros parisiens. Mille policiers y sont chargés de veiller sur la sécurité des lieux. La préparation d'un éventuel attentat contre le métro londonien renforce la crainte de Paris. En recevant jeudi 21 novembre les préfets à la place Beauvau, siège du ministère de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy a annoncé un nouveau plan Vigipirate. “Le plan Vigipirate, qui est toujours en cours, va être refondu afin d'être adapté de façon plus fine aux différents degrés de la menace”, déclare-t-il, avant d'ajouter qu'“une vraie réflexion interministérielle est engagée sur cette refonte de Vigipirate”. Ce dispositif de sécurité et de prévention est en vigueur depuis 1995 à la suite des attentats perpétrés dans le métro parisien. La mise en œuvre d'un nouveau plan est justifiée par la multiplication des menaces terroristes que fait planer Al-Qaïda sur l'Europe et l'Amérique. Pour autant, le ministère français de l'Intérieur refuse de faire dans l'alarmisme. “La menace, affirme Sarkozy, est réelle, mais il ne faut pas céder à la panique.” Au cours de la même réunion, le numéro deux du gouvernement Raffarin demande aux préfets d'“être vigilants sur la sécurité des transports et des installations de stockage de produits explosifs”. Pas de panique ? Le mot d'ordre est mal tombé avec cette annonce, vendredi, d'une alerte au détournement d'avion sur le vol Air France en provenance de Montréal. Selon des sources policières, un homme a été placé en garde à vue après avoir été accusé par un tiers de vouloir détourner l'appareil. Mouhad Madjoul, 25 ans, devait transiter par Paris pour se rendre en Algérie, a été entendu par la police. La direction d'Air France annonce dans un communiqué que le vol s'est déroulé normalement. De source proche du dossier, citée par l'agence Reuters : “Il semblerait qu'il s'agisse d'une vengeance de l'employeur de cet homme, parce que celui-ci lui devait de l'argent.” F. A.