Pour lui, ce n'est pas tant les ruptures de stock que les blocages bureaucratiques qui posent problème. Y a-t-il vraiment pénurie de médicaments en Algérie ? Depuis déjà quelques mois, différentes parties, y compris le Syndicat national des pharmaciens d'officine (Snapo), celui des praticiens de la santé publique (SNPSP), l'intersyndicale des médecins et le réseau des associations des malades chroniques, se sont exprimées sur ce phénomène qui, en vérité, dure depuis plusieurs années et qui porte atteinte à la santé des malades. Hier, le président de la Société algérienne de pharmacie (SAP), Farid Benhamdine, a tenté de minimiser les choses. En effet, l'invité de la rédaction de la radio Chaîne III a confié qu'"il y a très peu de ruptures de médicaments", en citant une pénurie de "1,2 ou 3%", avant d'ajouter : "Tout existe pour qu'il n'y ait pas de pénurie." Il a, cependant, dénoncé "les lourdeurs de la bureaucratie (qui) s'immiscent dans les appels d'offres". M. Benhamdine a également exclu toute pénurie "maintenant" au niveau des vaccins, en admettant seulement l'existence de "quelques dysfonctionnements pour certains vaccins". Il a, en outre, estimé que l'industrie pharmaceutique algérienne "a fait de très gros efforts", tout en concédant que la production nationale est une alternative à l'importation. Pour rappel, l'Algérie est dépendante à près de 75% des importations en matière de médicaments. Pour l'année 2012, la facture des importations de produits pharmaceutiques était de l'ordre de 2,23 milliards de dollars, soit une hausse de 13,6% par rapport à 2011 (1,96 milliard de dollars). La même tendance est observée dans le volume des importations des médicaments qui a enregistré une augmentation de plus de 45%, passant de 24 468 tonnes en 2011 à 35 540 tonnes en 2012. Face aux perturbations du marché national dans la disponibilité des médicaments, une Agence nationale du médicament (ANM) consacrée par la loi n°8-13 du 20 juillet 2008 a été créée, pour, notamment, réguler, surveiller et contrôler ce marché. Hier, l'invité de la radio Chaîne III a révélé qu'on ne peut créer une telle agence sans régler la question du "financement", celle du "mode de gestion" et même du statut. "Il faut que cette agence soit indépendante du ministère de la Santé dans son fonctionnement, pour globaliser les efforts et fédérer (les énergies)", a-t-il soutenu, en notant qu'à l'heure actuelle, "plusieurs ministères interviennent dans le médicament". Concernant la production nationale qui, d'après lui, avoisine les 40%, Farid Benhamdine a plaidé pour "la production d'avenir" et "la formation, dès maintenant, des chercheurs de demain". "Il faut absolument que nous soyons dans la biotechnologie, dès maintenant", a-t-il indiqué sur les ondes de la radio. Selon lui, la priorité doit être donnée à la "thérapie ciblée" qui a recours aux produits de biotechnologie, des produits qui sont actuellement "l'apanage des multinationales". Pourtant, l'intervenant fera savoir, à propos de l'installation des sociétés étrangères en Algérie, qu'"il y a de plus en plus de facilitations (qui leur sont accordées), mais ce n'est jamais assez". À la fin de l'émission, le président de la SAP a annoncé que son organisation remettra "bientôt" au ministère de la Santé, outre "l'évaluation de tout ce que nous faisons", un état des lieux et des propositions. H. A. Nom Adresse email