Plus de 2000 ans de reliques et de monuments ont été découverts dans les entrailles de la place des Martyrs où sera réalisée la gare centrale du métro d'Alger. Les départements des Transports et de la Culture ont collaboré pour livrer une station-musée, s'inspirant des modèles de Rome et d'Athènes. Le ministre des Transports, accompagné de ses collègues de la Culture, Khalida Toumi, et de la Réforme du service public, Mohamed El-Ghazi, a inspecté, jeudi dernier, le chantier de réalisation de la gare centrale du métro d'Alger à la place des Martyrs. Le projet, qui devrait être livré en décembre 2014, présente une particularité qui le rend assez exceptionnel : il est prévu, par ses concepteurs, au cœur historique de la capitale, soit sur un périmètre qui livre, au gré de fouilles archéologiques, des vestiges de grandes valeurs. Avant le démarrage des travaux en 2008, la Direction de la culture de la wilaya d'Alger a pris le soin d'initier deux sondages archéologiques (fouilles limitées dans le temps et l'espace) pour être sûre que le site choisi pour la construction de la station principale du métro d'Alger ne cache, dans ses entrailles aucun vestige ancien. Abdelouahab Zekagh, directeur général de l'Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels, a expliqué, aux membres de la délégation gouvernementale que l'idée de prospection a été soufflée par le caractère historique du noyau originel d'Alger, stratifié sur plusieurs siècles. Le flair des architectes et des archéologues s'est avéré pertinent. Les fouilles ont révélé l'existence d'un souk ottoman, d'une basilique datant du IVe ou Ve siècle après J.-C., de restes de mur remontant à l'époque de Juba II, d'une nécropole byzantine, de divers objets antiques... En somme, ce sont plus de 2000 ans de reliques et de monuments qui ont été sortis de sous la terre. Dès lors, les départements des Transports et de la Culture ont collaboré pour donner au projet de la station centrale du métro d'Alger une nouvelle dimension. Il s'est agi de modifier les aspects techniques du plan initial de telle manière à conserver in situ les découvertes archéologiques. L'idée n'est, au demeurant, pas originale. Le concept a été matérialisé à Rome, mais surtout à Athènes. Les autorités municipales de cette ville, qui ont découvert plus de 10 000 antiquités au moment de la construction de deux nouvelles lignes de métro en 2004, ont décidé de concevoir une station-musée. Une démarche similaire est préconisée à Alger. "Nous n'avons rien inventé. Des experts algériens ont été voir comment les Italiens et les Grecs ont réalisé les stations de métro-musée", a confirmé Khalida Toumi, ministre de la Culture. Le tunnel du métro, qui devait à l'origine être creusé à 19 mètres de profondeur, descend à 35 mètres afin de préserver la couche étendue de 0 à 10 mètres où se trouvent les reliques du passé. La station elle-même, qui devait couvrir une emprise de sol de 8 000 m2, sera finalement implantée à l'emplacement de l'ancien hôtel de la Régence, où les archéologues sont certains de ne rien trouver car les Français ont tout détruit. L'exposé de Kamel Stiti, chef du chantier sous l'égide du Centre nationale de recherches archéologiques (CNRA), a souligné qu'une étude de muséographie prévoit des boutiques, avec accès aux vestiges avant de descendre, par ascenseur ou escalier au tunnel du métro. "C'est extraordinaire. Les mêmes équipes travailleront ensemble sur la suite, soit l'extension de la ligne du métro vers Bab El-Oued puis Chevalley", a déclaré Amar Ghoul, ministre des Transports, assez impressionné par le projet. S. H. Nom Adresse email