Au terme d'une semaine de négociations marathon à Genève et d'un blackout médiatique total sur le contenu des négociations et sur leurs tractations, la chef de la diplomatie européenne a annoncé, dans la nuit de samedi à dimanche, un accord sur un plan d'action concernant le programme nucléaire iranien controversé. Entourée du ministre iranien des Affaires étrangères (AE) Mohammad Javad Zarif, visiblement satisfait, et des six chefs de la diplomatie du groupe 5+1 (Etats-Unis, Chine, Russie, Royaume-Uni, France et Allemagne), Catherine Ashton a annoncé que les deux parties sont parvenues à un accord. Le texte de Genève contient une référence claire selon laquelle l'enrichissement va continuer, a martelé le ministre iranien des AE, très applaudi par la presse et la délégation iraniennes venues en nombre à Genève. En outre, le droit à l'enrichissement d'uranium, sans lequel la maîtrise de la technologie nucléaire n'est pas assurée, n'est pas mentionné dans le communiqué dont l'Iran est signataire. Zarif a réaffirmé que l'uranium enrichi ne servira qu'à des applications civiles, notamment dans la médecine. Cette question, au cœur des inquiétudes des pays occidentaux, trouvera solution dans la coopération relancée avec l'AIEA, la police internationale de l'uranium. L'accord est par ailleurs intérimaire pour une période de six mois, surveillée par une commission conjointe. Cette période de probation a été imposée par les Etats-Unis pour observer le rétablissement de la confiance entre les deux pays qui ont rompu leurs relations diplomatiques en avril 1980. À ce sujet, le chemin sera long puisque le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a paru être pris à contre-pied après les satisfecits, dont celui de son propre président. L'accord de Genève, a-t-il insisté dimanche très tôt, "ne dit pas que l'Iran a le droit à l'enrichissement d'uranium, quoiqu'en disent certains commentaires d'interprétation". L'Iran a accepté de "suspendre" l'enrichissement d'uranium au-delà de 5%, de dégrader ou de convertir son stock d'uranium enrichi à 20%, a-t-il déclaré, parlant d'une première étape dont les suivantes seront plus difficiles ! Le parrain de la reprise des négociations directes israélo-palestiniennes, a-t-il voulu rassurer Israël qui s'est farouchement opposé ces dernières semaines à tout allègement des sanctions contre l'Iran. Un accord nucléaire complet rendra le monde, les partenaires de la région et l'allié Israël plus sûrs, a rassuré in fine le secrétaire d'Etat de Barak Obama, dont l'accord de Genève est le premier point positif de son second mandat, et qu'il souhaite enrichir avec Genève II pour la guerre civile en Syrie et l'aboutissement des négociations palestino-israéliennes. L'accord desserre l'étau de certaines des sanctions qui ont frappé les populations iraniennes en échange d'une révision à la baisse de son programme nucléaire par l'Iran, qui se soumettra à des inspections internationales plus poussées pendant six mois, alors qu'une solution complète sera négociée. Les Etats-Unis débloqueront 4,2 milliards de dollars environ des avoirs iraniens saisis par eux. En revanche, la plupart des sanctions américaines, commerciales et financières, resteront en vigueur dans les six mois à venir, comme les sanctions décidées par le Conseil de sécurité de l'ONU. Entre-temps, les businessmen ne resteront pas les bras croisés, ils se rendront à Téhéran pour prospecter ses marchés afin de se prépositionner. Ils attendent ces opportunités depuis des décennies. D B Nom Adresse email