Une vingtaine de personnalités, d'universitaires et de partis politiques de diverses obédiences ont pu enfin accorder leur violon sur un minimum commun. Il faut s'en féliciter, abstraction faite de l'objet de ce consensus. Car, c'est parce que l'opposition n'a pas été, jusqu'ici, en mesure d'esquisser une position concertée sur les questions d'intérêt national que le pouvoir a joué sur du velours et a pu s'autoriser des outrances à l'envi et des fraudes à répétition. Et c'est précisément pour mettre fin à cette tentation du pire, permanente et plus que jamais en vigueur chez les tenants du pouvoir, que l'opposition bouge en bloc et met en avant des revendications communes. Que les acteurs et organisations politiques y adhèrent de façon aussi massive est déjà significatif quant à l'idée que les uns et les autres se font des intentions de Bouteflika et de son régime : si l'organisation et la gestion de la prochaine élection présidentielle devait être laissée au seul gouvernement, le scrutin ressemblera à ceux que l'Algérie a connus depuis 1989 et se soldera par l'"élection" du candidat du pouvoir. C'est dire que les promesses d'une élection à la loyale sont entendues comme des attrape-nigauds ayant déjà servi par le passé et que, par ricochet, le pouvoir a perdu toute crédibilité aux yeux de l'ensemble de l'opposition. C'est ainsi que le Groupe des "19" exige la mise en place d'une commission électorale indépendante qui aura la charge de superviser l'ensemble des opérations que devra comporter le processus électoral, soit du dépôt des candidatures au Conseil constitutionnel, à la proclamation des résultats, avec, bien entendu, la prise en charge et le suivi des éventuels recours. Si la demande peut paraître révolutionnaire en Algérie, elle ne l'est guère dans une écrasante majorité de pays de la planète, y compris en Afrique. La doléance des "19" se résume, tout compte fait, à la mise en œuvre d'un processus électoral dans le respect de ce qui est déjà admis comme partie intégrante des normes universelles en la matière. Pour autant, la partie n'est pas gagnée, loin s'en faut. Le ministre de l'Intérieur, dont on pense qu'il a été nommé à ce poste pour gérer le scrutin au mieux des intérêts des dirigeants au pouvoir, avait déjà annoncé que le gouvernement n'allait pas accepter de se dessaisir de l'organisation des élections. Le bras de fer est donc engagé depuis hier. Reste à savoir jusqu'où iront les "19" dans cette quête d'un scrutin normal... pour un "président normal". Car, face à un pouvoir qui confond normalité et normalisation, une seule issue : il faut se battre. Nom Adresse email