Marquée par la sagesse et la ferveur nationaliste d'EL-Hadj Moussa Ag Akhamouk Ag Ihema, Malika Akhamouk a choisi le verbe simple pour retracer le parcours d'une personnalité des plus vénérées de la région de l'Ahaggar. Dans son livre de 83 pages, elle revient sur les évènements marquant la vie de cette figure emblématique dans la société Touareg. « Le chef spirituel et non pas Amenokal comme le prétendent certains opportunistes pour proclamer le trône ». Usant des expressions imbibées de sens, Malika revient sur le rôle de son personnage principal avant, pendant et après la période coloniale. L'un des piliers de la guerre de libération nationale dans le sud Algérien, Moussa avait supervisé dès 1956, des opérations de distribution d'armes en provenance de la Lybie. Il a aussi assuré la diffusion du courrier émanant des commandements du nord du pays. De par sa connaissance du terrain, il est considéré comme conseiller et un guide irréprochable dans le front du Sud, où il a eu l'occasion de rencontrer Abdelaziz Bouteflika, alias Abdelkader El Mali. Ce dernier n'a pas tari d'éloge sur Moussa en le qualifiant de vaillant Moudjahid. L'auteur de la célèbre citation « je suis Algérien et je le resterai que l'Algérie soit indépendante ou non », en réponse à la proposition de Général de Gaulle, en 1961, quant la proclamation de l'autonomie du Sahara, a été ainsi d'une grande modestie en dépit de sa place prestigieuse au sein des Imuhagh. Moussa a de par son embonpoint et son caractère imbu d'autorité, marqué l'histoire de l'Ahaggar et une ère de bonne gouvernance. Neveu de la plus grande joueuse d'Imzad, Dassine, qu'il est, est né en 1921 prés de la localité d'Izarnen , à 20 Km de Tamanrasset. Une annéequi coïncida avec la mort du vaillant guerrier de la région, Moussa Ag Amestan et la proclamation d'Akhamouk comme Amenokal de l'Ahaggar. Issue d'une famille riche et noble de la tribu de Kel Ghela, Moussa fut scolarisé d'abord dans une école coranique a Tifert (80KM de Tamanrasset) puis dans une école publique. Il fut élu premier président de l'APC de Tamanrasset en 1963. En 1975, il succéda à son frère, Bey Akhamouk , Amenokal des Touareg de l'Ahaggar. Moussa, par contre a toujours refusé le titre de l'Amenokal comme il l'avait toujours signifié de son vivant. « je ne suis pas Amenokal, ce temps est révolu ». La visite du président Houari Boumediene à Tamanrasset, le 21 mars 1977 a été un point fort au règne de Moussa. Quand le président avait évoqué la destruction de la vieille église de Tamanrasset et El Hadj, l'héritier des Akhamouks lui a répondu humblement « Nos terres suffisent pour bâtir mille mosquées, alors pourquoi détruire l'histoire ». Durant sa vie, il a toujours été le garant de la stabilité de la région notamment après l'éclatement du conflit de l'Azaouad. Moussa Ag Ihema a, de tout temps, œuvré pour la préservation de la virginité de l'Ahaggar et son aspect sauvage. Tout comme il a conservé le patrimoine culturel matériel et immatériel des Touareg en plaidant pour une activité touristique en harmonie avec la nature. Il a lutté pendant des décennies pour le développement, l'épanouissement et la bonne éducation de la nouvelle génération Touareg. Il a marqué l'histoire nationale son charisme en tant que chef spirituel des Touareg et non pas en tant Amenokal. « Il disait que le dernier Aménokal de l'Ahaggar était son grand frère Hadj Bey Akhamouk, en témoigne sa déclaration au journal le Matin (édition n°290 du 23 et 24 octobre 1992). Quand il a reçu Bouteflika dans sa maison au lendemain de son élection à la magistrature suprême de la république, en 1999, Moussa s'est présenté d'ailleurs en qualité du président d'honneur de l'association des amis de l'Hôtel Safir » relate son petit fils Elias. De 1975 à 1991, il a siégé dans son habit traditionnel à l'APN. De 1992 à 1997 il était désigné membre du conseil National, puis membre du sénat de 2003 à 2005. L'évènement qui l'avait marqué, était le décès de son fils Bey, car il voyait en lui le successeur légitime de par sa sagesse et son niveau d'instruction. Le 28 décembre 2005, Moussa Akhamouk rejoint son fils des suites d'une brève maladie, à l'âge de 84 ans. « Il a poussé ses derniers souffles dans mes bras, sans rien dire. Je voulais l'entendre dire quelques choses. Mais il s'est tu à jamais, laissant le Hoggar orphelin et désemparé(...) » raconte Elias dans un témoignage percutant rapporté par l'écrivaine. R K Nom Adresse email