Résumé : Camélia rentre chez elle l'esprit préoccupé. Elle n'hésite pas à se mettre devant son ordinateur pour entamer d'autres paragraphes de son récit. Sa sortie avec Hassen dans l'après-midi avait refroidie son entrain mais elle avait tout de même éprouvé de l'inspiration pour de nouvelles idées. Le bonheur qu'elle avait tant attendu était vite venu, et vite reparti... Elle se remet à pianoter avant de repenser aux dires de Hassen. Wassila, elle ne l'aimait plus... Elle voulait juste un compagnon. Est-ce possible qu'il existe des femmes aussi insensibles ? Des femmes que le destin avait gâtées en leur faisant rencontrer des mecs aussi formidables que Hassen? Le hasard ne fait-il pas toujours les choses à leur juste valeur ? Elle avait beau remuer la question dans son esprit, la réponse ne venait pas. Et elle, que va-t-elle devenir dans ce tourbillon de contradictions qui risque de l'engloutir ? Les lignes s'alignaient devant ses yeux... Un vent feuillette son inspiration... Elle s'arrête à l'épisode où Hassen lui avait pris la main, en lui disant que s'il n'était pas déjà pris, il n'aurait pas hésité à l'épouser. Elle ferme les yeux un moment. Le rêve remonte des tréfonds de son âme. Elle se voit en robe de mariée au bras d'un prince comme Hassen, qui lui ouvrait la porte d'une vie qui ne pouvait être qu'heureuse auprès de lui. Elle savait qu'elle en aurait fait des jalouses dans son entourage. Mais ne dit-on pas que les meilleures roses poussent sur un tas de fumier ? Elle soupire. La rose en ce moment était sur le point de se fâner... Elle secoue la tête et passe une main dans ses cheveux. Les mots continuaient leur ronde dans son esprit. Elle connaissait fort bien cette sensation de bousculade dans sa tête. Ces idées qui voulaient toutes émerger en même temps, ce qui engendrait une spirale de métaphores, et d'expressions, les unes plus profondes que les autres. Afin de ne rien rater dans son récit, elle se remet à écrire son texte en repensant à tout ce qu'elle venait de vivre. Hassen lui avait raconté sa vie, il s'était confié à elle et lui avait avoué qu'il l'aimait. Comme dans les contes et les grandes histoires d'amour, tout commence bien, avant décrocher quelque part. La nuit s'étirait. Elle travaille jusqu'aux premières lueurs de l'aube, avant de sentir la raideur de ses muscles. Elle ne parvenait plus à garder ses yeux ouverts. Mais elle ressentait le plaisir d'avoir pu donner une âme à son récit, en donnant à chaque personnage le rôle qu'il devrait camper. L'histoire prenait vie... C'est ce qui lui importait. Elle dormit jusqu'à une heure tardive de la matinée. La sonnerie de son téléphone la tire brusquement de son sommeil. C'était Omar qui voulait avoir de ses nouvelles. -Alors, on est encore au lit ? -Oui, je me sens comme une locomotive tombée en panne. -Tu as dû tirer des wagons toute la nuit... -C'est ça... J'ai travaillé jusqu'au petit matin. -Je te rappelle que le surmenage te guette, Camélia. -Tu ne m'apprends rien, Omar... Ce que tu ne pourras jamais comprendre, c'est que lorsque l'inspiration est là, on ne peut pas la repousser, je suis esclave de moi-même, si tu veux mieux comprendre... C'est ma passion qui l'emporte sur tout. -Que fais-tu aujourd'hui ? Elle s'étire avant de répondre : -Je n'en sais encore rien, peut-être que je ferais un saut à la rédaction dans l'après-midi. -Tu veux que je te dépose ? -Non, je te remercie, je préfère marcher un peu... -À ta guise. Heu... n'aimerais-tu pas faire une ballade en fin de journée ? Camélia repense à Hassen et à leur sortie de la veille. Cet homme était entré tel un ouragan dans son existence, avant de provoquer en elle une véritable tempête sentimentale. Elle repense à ses dires et aux problèmes qu'il affronte tous les jours. Aimerait-elle être avec un homme qui ne sait pas gérer sa vie ? Omar est libre, il l'aimait, et est prêt à l'épouser. -Allo, Camélia, tu es là ? Elle revint sur terre et s'empresse de répondre : -Heu, oui, bien sûr que je suis là. Je... j'étais en train de réfléchir à ta proposition, je ne pense pas que je serais en forme pour une sortie en fin de journée. Reportons-là pour une autre fois, veux-tu ? (À suivre) Y. H. Nom Adresse email