Le fantôme de la fraude plane-t-il déjà sur la présidentielle du 17 avril ? La question ainsi posée témoigne d'une certaine candeur dans l'appréciation des faits, tant le phénomène fait historiquement partie intégrante du dispositif électoral chez nous. Il est inscrit dans l'ADN même de l'administration algérienne qui, il est vrai, a de qui tenir : un certain Edmond Naegelen à qui la langue française doit d'ailleurs l'expression consacrée de "élections à la Naegelen". Les temps ont changé, mais pas les pratiques qui se sont, au contraire, sophistiquées au fil des scrutins. En tout cas, à se fier au candidat Ali Benflis qui, pour être un produit du système qui sait de quoi il parle, la fraude est déjà opérationnelle. C'est à croire que les mises en garde qu'il avait adressées dernièrement au camp de Bouteflika, après des faits de partialité avérés de l'administration (notamment la déclaration de la candidature de Bouteflika par Sellal et le traitement de faveur du Président-candidat au Conseil constitutionnel), n'ont pas eu l'effet dissuasif escompté. Le candidat Benflis ne compte pas se laisser faire. Hier, à l'occasion de la célébration de la Journée de la femme, il l'a dit sur un ton à la fois grave et solennel. Comme pour prendre à témoin l'opinion et mettre tout un chacun devant ses responsabilités. "Je prends l'engagement devant Allah et devant vous à ne ménager aucun effort, à n'économiser aucune énergie pour que la volonté souveraine du peuple algérien soit respectée et que les tenants de la fraude et du déni du droit à la citoyenneté subissent une cuisante défaite", a-t-il promis. Cet avertissement, qui en dit long sur les appréhensions et les soupçons de Benflis, sera-t-il entendu ? Les officines occultes, qui travaillent déjà à la mise en place de conditions matérielles et psychologiques pour un plébiscite fictif du candidat choisi, ne devraient-elles pas faire preuve de responsabilité ? Car une fraude flagrante, en faveur d'un homme dont la candidature est déjà plombée à la base par une incapacité physique, est porteuse de risques insurrectionnels. Ceux dont les voix seront détournées n'accepteront pas la spoliation. Une administration avertie en vaut deux. Nom Adresse email