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...SOUFFLES...
Une rare race d'oiseaux !
Publié dans Liberté le 20 - 03 - 2014

Les bouquinistes. Cette rare race d'oiseaux est en voie d'extinction. Les bouquinistes ! Quand les bibliothèques reprennent leur identité de paradis, les trottoirs sont envahis par les bouquinistes, la ville est élevée à l'image de l'intelligence et de la noblesse. Jadis, par la présence des bouquinistes, les trottoirs de nos villes rêvaient et nous faisaient rêver ! Avec ces bouquinistes ressemblant aux anges, les trottoirs étaient l'espace de liberté d'imagination.
Espace pour l'évasion. Ils ne sont plus là, les faiseurs des plaisirs, les bouquinistes ! Aujourd'hui, les trottoirs sont devenus des lieux pour exposer des marchandises contrefaites taiwanaises ou chinoises ou pour les véhicules de toutes marques. Adieu les bouquinistes ! Jadis, dans ma ville, sur les trottoirs des bouquinistes, je croisais des gens cultivés, avertis, soucieux de la vie, de la beauté et de la patrie ! Ils fouillaient les piles de livres et parlaient littérature, philosophie et politique propre ! Les bouquinistes, ces gens illuminés, nous accompagnaient vers la magie du verbe. Les bouquinistes. Ces trottoirs, par les livres et les revues, étaient nos premiers pas, nos pas solides vers le paradis : les bibliothèques.
Dès qu'une pièce de monnaie, qu'importe la valeur, me tomba dans le creux de la main, je courais vers le trottoir. Il y avait Ammi Yahya el-K'tatbi, hiver comme été, assis sur un petit banc couvert d'une peau de mouton, regardant le ciel et son royaume : les livres. Des centaines de livres et beaucoup de revues, en français et en arabe, déversés sur deux petites h'sira (une sorte de tapis en alfa). Je lui tendais la pièce de monnaie, qu'importe la valeur, sans même se donner la peine de la regarder, me donnait un livre. Il savait parfaitement ce que je désirais.
Ammi Yahya el-K'tatbi n'était pas là uniquement pour vendre des livres. Il passait son temps à lire, à boire du café, tasse sur tasse, et fumer des cigarettes prolétariennes : Afras ! Et Ammi Yahya parlait comme un livre. Il parlait, aussi, politique. Il disait beaucoup de choses contre le système. Il parlait des Beatles et d'Oum Kalthoum !
Il conseillait aux gens, plus âgés que lui, mieux habillés que lui, leurs lectures. Les gens l'écoutaient et obéissaient. Ammi Yahya el-K'tatbi avait des trottoirs de livres dans sa tête ! Je l'imaginais ainsi ! Je rêvais d'être comme lui, savoir tout sur le monde sans bouger de son banc, sans quitter son trottoir. Dès que j'ai commencé à lire les livres des grands, j'ai trouvé des choses amusantes dans ces livres usés achetés d'el-K'tatbi : une dédicace soigneusement rédigée par un jeune écrivain pour une lectrice. Une lettre d'amour oubliée entre les pages d'un recueil de poèmes de Saint-Jean Perse. Annotations sur (Enfance d'un sein) (Tofoulatou Nahd), recueil de poèmes de Nizar Kabani. Qu'est-ce qu'un livre vierge ? Les livres vierges, me disait Ammi Yahya el-K'tatbi, sont ceux offerts aux ministres, aux députés, aux walis, leurs feuilles resteront collées à jamais. Ils ne sont pas lus ! Des cartes de visite glissées entre les pages des beaux livres avec lesquels des personnalités décorent leurs salons. Quand je me suis procuré, pour la première fois, Madame Bovary de Flaubert, j'étais surpris de son état. Il était complètement usé, et j'imaginais les centaines d'yeux qui l'avaient caressé. Les milliers de doigts vibrants qui l'avaient feuilleté. Ammi Yahya el-K'tatbi me disait : "Procure-toi toujours les livres les plus usés". Les bons livres sont ceux qui ne sont pas neufs. La sagesse ! Depuis la lecture de Madame Bovary, je n'arrêtais pas de chercher mes perles dans les amas de livres, ceux qui sont "épuisés" par les yeux et par les mains des lecteurs. Je prenais le livre et je pensais à ceux qui l'avaient lu avant moi. J'essayais d'imaginer les péripéties du livre, avant même de le lire. Ammi Yahya el-Ktatbi donnait d'autres vies à ses livres fatigués. Mais pourquoi, aujourd'hui, ces créateurs magnifiques, cette rare race d'oiseaux, ont abandonné les trottoirs rêveurs de nos villes moites ?
A. Z.
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