Deux scénarios sont prévisibles : le statu quo ou une marche vers une économie moins dépendante des hydrocarbures. Le mandat 2014-2019 sera le plus difficile par rapport à la période 1999-2013. En effet, le quinquennat connaîtra un amenuisement, voire la stagnation des ressources financières du pays ainsi qu'une hausse des dépenses publiques conjuguée à une envolée des importations. Le risque de déséquilibres budgétaires n'est pas à écarter. Du reste, l'Algérie a frôlé le déséquilibre de la balance des paiements en 2013. Cette situation financière fragile hantera l'Algérie au cours des cinq prochaines années. Les candidats à l'élection présidentielle sont-ils conscients de ce risque de dégradation de nos équilibres financiers au cours de la période ? A l'exception du candidat Benflis, tous les autres concurrents n'abordent pas la question, du moins l'appréhendent via des généralités. Côté citoyens, il s'agit de savoir si le consommateur sera protégé contre la flambée des prix et les chutes de la valeur du dinar qui pousse les prix de large consommation à la hausse. Tant que l'Etat ne maîtrisera pas le marché intérieur, tant que l'économie nationale restera fragile, il ne faut pas s'attendre à une accalmie en matière de prix au cours des cinq prochaines années. Autre difficulté : alors que les ressources s'amenuisent, la demande sociale, elle, augmente. Le ministre de l'Habitat prévoit la construction de 1,6 million de logements au cours du quinquennat, soit un budget de 56 milliards de dollars. Pour réaliser ce programme, il faudra construire 300 000 logements/an. L'Algérie aura-t-elle les capacités techniques et financières pour réaliser autant de logements ? Du reste, le mandat 2014-2019 sera-t-il celui de la transition vers une économie moins fondée sur les fluctuations des cours du baril ou celui du statu quo qui rime avec la poursuite de la logique rentière ? Dans le premier scénario, il faudra du temps pour arrimer l'Algérie à la compétitivité. Le candidat Benflis prévoit d'atteindre 5 milliards de dollars d'exportations hors hydrocarbures. Plus facile à afficher la promesse qu'à tenir l'engagement. Pour réaliser cette performance, il faudrait disposer d'un nombre plus important d'entreprises exportatrices, capables de conquérir les marchés extérieurs. Or la plupart des entreprises sont engluées dans des difficultés financières, d'accès aux crédits bancaires, au foncier et aux freins bureaucratiques. L'exercice qui n'est pas facile consiste à favoriser l'émergence d'un nombre beaucoup plus important d'entreprises compétitives. Dans le premier scenario, le mandat 2014-2019 devrait être celui d'un changement de perspective, en un mot la fin d'une ère où on achète la paix sociale à coups de décisions populistes. Elle devrait mettre fin à la politique de subventions qui entraîne d'énormes gaspillages de produits de large consommation et les massifs détournements de biens vers les frontières. La difficulté est de faire accepter l'abandon des subventions par de larges couches de la population. Dans le second scénario, le maintien de la même logique entraînera vraisemblablement des troubles sociaux, des émeutes. Dans ce registre, la patience des électeurs a des limites. K. R. Nom Adresse email