Ils ne se sont pas limités à brocarder le pouvoir en place (ses pratiques, ses choix politiques...), mais ont aussi proposé une alternative politique. Ce n'est pas le moindre fait d'armes de la Coordination des partis et personnalités pour le boycott de l'élection présidentielle du 17 avril : elle a réussi à faire démentir le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Tayeb Belaïz, qui voulait étouffer la voix des opposants à la tenue de la présidentielle du 17 avril. "Les autorisations et les salles ne seront accordées, durant la campagne électorale, qu'aux candidats dont les dossiers ont été validés par le Conseil constitutionnel", avait-il soutenu le mardi 28 janvier. Le lendemain, le chargé des affaires juridiques et administratives au département du même Belaïz en avait rajouté une couche en assurant : "Nous ne devons tout de même pas faire campagne pour l'élection et autoriser ceux qui appellent à son boycott." Certes, les boycotteurs n'ont pas animé de meetings populaires pour expliquer aux citoyens leur choix de faire l'impasse sur le rendez-vous présidentiel durant toute la campagne électorale. Et le sit-in que les dirigeants des partis composant ce regroupement ont voulu organisé mercredi 12 mars a été durement empêché par les services de sécurité. N'empêche, la veille du démarrage de la campagne, les partisans du boycott ont réussi une belle démonstration de force : le meeting populaire organisé vendredi 21 mars à la salle Harcha a drainé des milliers de partisans qui ne s'étaient pas faits prier pour crier leur rejet de la présidentielle mais aussi du système politique en place. Boostés par leur performance, les partisans du boycott ont passé la vitesse supérieure en mettant en place, deux jours plus tard, une commission politique qui a pour tâche de préparer une conférence nationale sur "la transition démocratique en Algérie" à laquelle prendront part tous les acteurs politiques, y compris le pouvoir en place. L'objectif ultime de cette proposition est de réunir les conditions qui assureront une compétition loyale pour doter le pays d'institutions légitimes, c'est-à-dire qui seront l'émanation de la volonté populaire. Autrement dit, les anti-votes ne se sont pas limités à brocarder le pouvoir en place (ses pratiques, ses choix politiques,...), mais ont aussi proposé une alternative politique crédible. Et cette idée n'a pas laissé de marbre d'autres acteurs politiques (Mouloud Hamrouche, Sid-Ahmed Ghozali, etc.) et des militaires à la retraite comme les généraux Mohand Tahar Yala et Benhadid, ou encore l'ancien colonel du DRS Mohamed Chafik Mesbah qui n'ont pas hésité à l'adopter. Il faut sans doute souligner que des mois avant la tenue de la présidentielle, les animateurs de la Coordination du boycott, échaudés certainement par les expériences passées, ont demandé au gouvernement de réunir les conditions à même d'assurer une élection honnête et transparente. Pour contrer la fraude, ils ont proposé de confier la gestion de toutes les opérations électorales à une commission indépendante comme cela est de mise dans de nombreux pays. Leur proposition n'étant pas retenue, ils ont alors décidé non seulement de boycotter la présidentielle du 17 avril car, selon eux, les résultats "sont connus d'avance" mais aussi de tenter de la décrédibiliser. Et, dans une certaine mesure, le pari est réussi. A. C. Nom Adresse email